Publié par CEMO Centre - Paris
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Syrie : pourquoi Daech refait surface

vendredi 09/août/2019 - 05:13
La Reference
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Cinq mois seulement après l'annonce de la défaite du groupe terroriste, un rapport du Pentagone alerte sur la « résurgence » du groupe État islamique.

Son califat a beau être tombé, l'État islamique poursuit néanmoins ses activités. C'est ce qu'affirme un nouveau document publié mardi par le département américain de la Défense. Même si le pouvoir de nuisance du groupe djihadiste a diminué après la perte de son autorité territoriale, ses actions n'ont jamais véritablement cessé après la chute en mars dernier de Baghouz, son dernier bastion dans le nord-est de la Syrie.

Couvrant la période allant du 1er avril au 30 juin 2019, le rapport constate que l'État islamique a « renforcé ses capacités insurrectionnelles en Irak et a repris ses activités en Syrie ». Le groupe conduit des « assassinats, attentats-suicides, enlèvements et incendies de récoltes », poursuit le document. « Il ne s'agit pas d'une résurgence, mais d'une persistance », relève Michel Duclos*, ancien ambassadeur de France en Syrie et conseiller spécial à l'Institut Montaigne.

L'auteur du rapport, Glen Fine, un inspecteur général du Pentagone, note que ces attaques sont perpétrées dans des zones dépendantes de la surveillance des Forces démocratiques syriennes (FDS). C'est sur cette alliance arabo-kurde, formée en 2015, que la coalition internationale dirigée par les États-Unis s'est appuyée au sol pour combattre Daech dans le nord-est de la Syrie. Malgré la victoire sur l'État islamique, le contrôle des FDS sur cette zone, majoritairement peuplée de populations arabes, reste pourtant fragile, car cette force est composée en grande partie de Kurdes appartenant aux Unités de protection du peuple (YPG).

Les forces de la coalition se sont « contentées de combattre par la force, à travers l'aspect territorial sans proposer une stratégie politique pour la population », estime Salam Kawakibi, directeur du centre arabe de recherche et d'études politiques. « En l'absence d'un plan politique qui pourrait protéger la population, certains pourraient être tentés par le pire, par désespoir », ajoute le chercheur, tout en rappelant que « les Syriens n'ont jamais accepté l'État islamique ».

Stratégie de guérilla

La mission de stabilisation des FDS est d'autant plus difficile que ces forces sont désormais seules après le retrait d'une grande partie des 2 000 soldats américains présents en Syrie, que Donald Trump a ordonné en décembre 2018. Or, selon le rapport, le départ définitif des troupes américaines intervient alors que les forces locales « requièrent encore plus d'entrainements et d'équipements que durant les opérations pour vaincre l'EI territorialement ». Daech a toujours à sa disposition entre 14 000 et 18 000 membres en Syrie et en Irak, dont 3 000 étrangers, estime le document du Pentagone.

Des chiffres insuffisants pour que l'organisation reparte à la conquête de territoires, mais néanmoins assez significatifs pour absorber de nouvelles recrues et poursuivre sa mue vers la clandestinité. À l'avenir, le groupe pourrait accentuer ses opérations mobiles et ciblées. « L'État islamique va abandonner les conquêtes territoriales et tôt ou tard, adopter la stratégie de la guérilla », pointe Salam Kawakibi. Les membres de l'EI pourraient donc se disperser sur le territoire syrien et conserver leur capacité de nuisance sous d'autres formes, toujours aussi violentes et bien moins prévisibles. Et le spécialiste d'avertir : « On peut craindre la naissance de nouvelles cellules ultraviolentes émergeant de Daech. »

 


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