De nouvelles attaques internationales menées par l’Etat islamique prévue pour la fin d’année: Didier Reynders réagit!
La presse britannique et belge relaie mardi une prévision inquiétante de
l’Organisation des Nations Unies, faisant état de la possibilité d’une reprise,
dans un futur assez proche (peut-être avant la fin de l’année), des attaques
internationales menées par des combattants ou sympathisants de l’organisation
terroriste Etat islamique (EI).
Une possibilité que s’est empressé de
nuancer le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders au micro de Bel
RTL : « La menace est réelle, ça ne veut pas dire qu’il faut avoir
une crainte plus forte aujourd’hui qu’hier. Simplement, il faut se rendre
compte que la lutte contre le terrorisme est une lutte de longue
haleine », résumait ainsi le ministre démissionnaire.
La crainte de nouvelles attaques découle en fait d’un
rapport soumis au Conseil de sécurité des Nations Unies, et daté d’il y a
plusieurs jours. Ce rapport entre dans le cadre d’une série d’analyses, d’états
de la situation, que le secrétaire général doit présenter ou transmettre au
Conseil de sécurité de l’ONU tous les six mois.
António Guterres y rapporte, deux fois par an, « la
gravité de la menace » que représente l’EI « pour la paix et la
sécurité internationales ». Publié le 31 juillet, le dernier rapport en
date est le 9e de cette série ; le premier depuis la chute de Baghouz
(Syrie) en mars. La reprise de cette entité de l’est de la Syrie par les Forces
démocratiques syriennes (FDS) correspondait à la fin du califat autoproclamé il
y a près de cinq ans par l’EI.
Le rapport onusien précise à cet égard qu’on peut
s’attendre, sur place, à des « activités insurrectionnelles »
orchestrées par l’EI comme il y en avait eu après les défaites territoriales en
Irak : incendies des récoltes, et autres, dans le but de soulever la
population contre les autorités.
Parallèlement, « l’EIIL (l’État islamique d’Iraq et
du Levant, NDLR) continue d’aspirer à jouer un rôle mondial », souligne le
document, qui en veut pour preuve la vidéo de Baghdadi diffusée fin avril. Le
chef de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, y promettait une vengeance après la chute
de Baghouz et de poursuivre la lutte contre l’Occident.
Le rapport onusien, qui se base entre autres sur des
informations transmises par des Etats membres, estime à environ 40.000 le
nombre d’étrangers partis combattre en Irak ou en Syrie, dont 5 à 6.000
Européens. 30 à 40 % de ce contingent du continent seraient rentrés en
Europe, d’autres (30-40 %) sont morts sur place ou restent détenus dans la
région (10-15 %).
La problématique des « returnees » reste
vivace, reconnait l’ONU : le traumatisme vécu par ces personnes, et
l’efficacité « parfois douteuse » des programmes de déradicalisation,
peuvent mener à un risque de futurs attentats terroristes, y compris en Europe.
Au Moyen-Orient, « certaines personnes peuvent
rallier Al-Qaida ou d’autres groupes inscrits sur les listes, si rien n’est
fait pour remédier aux causes profondes qui avaient donné naissance à l’EIIL.
Si les problèmes ne sont pas réglés au niveau des systèmes judiciaire et pénitentiaire
dans bon nombre de pays, cela instaurera des conditions propices à la
radicalisation en prison et augmentera le risque d’attentats futurs ».
En Europe plus spécifiquement, la radicalisation en
milieu carcéral reste une grande crainte, dans un contexte de marginalisation,
de pauvreté et de violence. D’ailleurs, la plupart des combattants européens de
retour au pays, même désenchantés ou déçus par la vie sous l’EIIL,
« continuent néanmoins d’avoir des vues extrémistes », ont observé
des Etats membres.