A Bagdad, la difficile identification des corps exhumés de centaines de charniers
A
l'institut médico-légal de Bagdad, les médecins légistes sont à pied d'œuvre
pour établir l'identité des victimes découvertes dans les centaines de
charniers à travers le pays, héritage macabre de décennies de conflits en Irak.
À
l'entrée de l’institut médico-légal de Bagdad, des dizaines de vêtements
jonchent le sol, encore imprégnés de l'odeur putride de la mort. Ils
appartiennent à des Yézidis, exhumés le mois dernier au nord de l'Irak, où plus
de 70 charniers ont été découverts. Dans le laboratoire, une trentaine de
spécialistes examinent les ossements, à la recherche d'une identité. « On détermine ici le sexe, l'âge,
les pathologies, les traumatismes, etc. », énumère un médecin.
Tous
les corps issus de charniers en Irak sont transférés dans ce laboratoire. Ce
sont en majorité les victimes de Daech, mais aussi, encore, celles de Saddam
Hussein parfois exécutées il y a plus de 30 ans. « Ces restes vont être difficiles à
examiner. Ils ne sont pas en bon état », constate ce même
médecin.
Au
total, plus de 1 350 ADN différents ont été enregistrés en 2018. Pour le
docteur Meshni, en charge de ces analyses, c'est une question de vérité et de
justice qui se joue actuellement en Irak. « Beaucoup de personnes ont disparu dans différentes
zones en Irak, et on ne sait pas où et qui exactement est responsables de ces
crimes. Notre travail de répondre et d’expliquer cela, notamment aux personnes
qui enquêtent », explique-t-il.
Ces
éléments de réponses pour les familles sont aussi autant de preuves « centrales » selon
l'ONU, pour garantir de futurs procès et des condamnations « conformes aux standards
internationaux ».