La ricine… Le poison des terroristes pour attaquer l’Europe biologiquement
Le matin du 11 septembre 1978, le journaliste bulgare
Georgi Markov sort pour se rendre à pied à son travail, et en traversant le
Waterloo Bridge à Londres au milieu de la foule, un passant le heurte par
derrière, ce qui sembla naturel étant donné la foule, n’était-ce le sentiment
éprouvé par Markov d’une piqûre douloureuse à la cuisse, qui le poussa à se
tourner vers l’homme, qui tenait un parapluie. Celui-ci lui sourit alors en
s’excusant aussitôt de l’avoir heurté avec son parapluie. Le journaliste
bulgare accepta les excuses de l’homme et lui fit à nouveau un sourire qui
voulait dire : « De rien, aucun doute que ce n’était pas
intentionnel ». Puis ils se séparèrent, et Markov continua son chemin
jusqu’à son travail, tandis que l’homme fut avalé par la foule, lui et son
parapluie.
Mais cette nuit, Markov fut atteint d’une fièvre et
transporté à l’hôpital où il décéda quatre jours plus tard, empoisonné par la
ricine. En effet, les enquêteurs ont découvert que Markov avait été piqué à la
cuisse par le parapluie de l’homme, et ce fut ainsi le premier assassinat où
cette matière très toxique avait été employée, et contre laquelle les
scientifiques n’ont toujours pas trouvé de vaccin ni d’antidote.
Aujourd’hui, la ricine est devenue un moyen essentiel
d’attaque biologique pour les groupes terroristes, une dose de 0,2 milligramme
(1/5000 de gramme) étant suffisante pour tuer un adulte en quelques jours, les
médecins restant impuissants après que le poison a pénétré dans le corps.
Pourquoi la ricine ?
Le Dr Stephen Thornton, directeur de l’Unité de lutte anti-poisons
à l’Université de Kansas en Amérique, a expliqué dans un entretien avec la
chaîne américaine CBS comment fonctionne ce poison que l’Union européenne
qualifie d’arme biologique « dangereuse ». Il affirme : « Lorsque
quelqu’un absorbe la ricine par la bouche, l’inhalation ou par le biais d’une
piqûre, elle entre dans le métabolisme des cellules du corps, qui est
l’opération chimique indispensable pour que ces cellules restent
vivantes ».
Thornton ajoute que ce processus empêche la formation des
protéines principales dans les cellules, ce qui conduit à leur mort. Il ajoute
que les symptômes qui se manifestent chez les victimes sont le vomissement, la
diarrhée, les convulsions soudaines, et cela pendant une période qui peut
atteindre une semaine, avant que le malade ne décède suite au dysfonctionnement
des organes du corps.
Quant au professeur Leonard Kohl, chef du programme de
lutte contre le terrorisme à l’Université de Rogers, il affirme dans un
entretien avec la chaîne américaine CNN : « Le poison de la ricine est
extrait d’une plante qui existe autour de nous dans la nature, et qui est le
ricin connu sous le nom scientifique de ricinus communis. Cette plante est
répandue partout dans le monde, et il est facile de l’obtenir ».
Kol indique que la Grande-Bretagne a fait des recherches
pour employer ce poison durant la seconde guerre mondiale, mais elle est revenue
sur sa décision, étant donné la possibilité qu’il soit à l’origine d’une
destruction massive. Et d’ajouter : « Etant donné sa grande toxicité,
et la facilité de son processus de production, c’est une arme
dangereuse ».
Les graines de ricin, de couleur brun claire marbrée de
rouge contiennent la ricine toxique, mais en faible concentration, ce qui exige
un traitement chimique simple pour augmenter sa concentration et son
efficacité, et lui donner sa forme définitive : poudre ou liquide.
De même, l’huile extraite de la plante de ricin est un
laxatif efficace pour ceux qui souffrent de problèmes digestifs et à l’estomac,
outre son emploi dans l’industrie des cosmétiques, ce qui explique son
importance dans les pays européens où cette industrie est prospère.
Précédents en matière de terrorisme
La police allemande a annoncé récemment la mise en échec
d’un plan pour une attaque terroriste dans la ville de Cologne utilisant la
ricine. Son auteur était un jeune Tunisien du nom de Sayf Allah Itch, dans l’appartement
duquel a été trouvé de quoi produire entre 250 et 1000 doses de ricine. Ce fut
ainsi la première tentative des groupes terroristes d’exécuter une attaque
biologique en Allemagne.
Quant à la police française, elle a déjoué un plan
semblable en mai 2018,
lorsqu’elle découvrit dans l’appartement d’un étudiant
d’origine égyptienne de la ricine, et des matières servant à la fabrication de
charges explosives. Il a été jugé pour planification d’une attaque terroriste.