Soudan : les négociations reprennent dans un contexte tendu
Quatre morts de plus. Jeudi, quatre manifestants ont été abattus lors d'un rassemblement à Omdourman, ville voisine de la capitale soudanaise. Selon le comité des médecins, proche de la contestation, les protestataires « ont été tués par balles réelles et plusieurs ont été blessés ». Les tirs ont eu lieu alors que des milliers de manifestants s'étaient rassemblés ce jour dans plusieurs villes du pays pour protester contre le meurtre cette semaine de six manifestants, dont quatre lycéens, à Al-Obeid dans l'État du Kordofan-Nord (centre).
Le général Jamal Omar, membre du Conseil de transition militaire qui dirige le pays depuis la destitution du président Omar el-Béchir en avril, a accusé les paramilitaires des redoutées Forces de soutien rapide (RSF) d'avoir tiré sur la foule. Ce vendredi 2 août, neuf membres des RSF ont finalement été arrêtés. « Une enquête a été ouverte sur les événements d'Al-Obeid, et sept membres des RSF ont immédiatement été limogés et remis à la justice civile pour être jugés », a déclaré vendredi devant la presse le général Shamseddine Kabbashi.
« Obtenir justice »
Dirigées par Mohammed Hamdan Daglo, aujourd'hui numéro deux du Conseil militaire, les RSF étaient un pilier du régime du président soudanais déchu, avant de contribuer à sa chute. Accusées de terribles exactions, notamment pendant le conflit du Darfour (ouest) déclenché en 2003, les RSF restent une force centrale de l'appareil répressif au Soudan. L'organisation est également pointée du doigt par les leaders de la contestation, qui ont appelé à « une marche d'un million » de personnes pour « obtenir justice ». En réponse, des milliers de Soudanais ont manifesté dans la capitale et d'autres villes du pays.
« Où est la commission d'enquête ? » ont scandé les protestataires défilant dans les quartiers Burri et Bahri, hauts lieux à Khartoum de la contestation depuis le déclenchement des manifestations en décembre dernier. Dans la capitale, de nombreux manifestants ont brandi des drapeaux et des photographies de protestataires tués depuis décembre. Des rassemblements ont également eu lieu à Al-Obeid, Madani (centre), Port-Soudan, ville au bord de la mer Rouge, et dans l'État du Nil-Blanc (sud).