Libye: Tripoli dénonce des «contrevérités» dans le rapport de Salamé
Le chef du gouvernement libyen d'union
nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a protesté contre des «contrevérités» de
l'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, qui a dressé en début de semaine
devant le Conseil de sécurité un tableau accablant de la situation libyenne.
Selon le bureau d'information du GNA, Fayez
al-Sarraj a «convoqué» mercredi dans son bureau à Tripoli le chef de la Mission
d'appui de l'ONU en Libye (Manul) «pour lui remettre une note de protestation
contre des contrevérités dans son rapport sur la situation en Libye».
Lors d'une vidéoconférence avec le Conseil
de sécurité de l'ONU lundi, Ghassan Salamé a exhorté les belligérants à faire
une trêve et s'est inquiété de l'escalade des combats entre les forces loyales
au gouvernement de Tripoli, soutenu par l'ONU, et celles de l'homme fort de
l'Est, le maréchal Khalifa Haftar, qui a lancé une offensive le 4 avril pour conquérir la
capitale libyenne. Ghassan Salamé a notamment évoqué «des allégations non
confirmées d'atteintes aux droits de l'homme» commises à Gharyan (Ouest) par
les forces loyales au gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj
lorsqu'ils ont repris le 26 juin cette ville stratégique à 100 km au sud-ouest
de Tripoli, où les forces d'Haftar avaient établi un centre de commandement.
L'émissaire de l'ONU a également dénoncé le
nombre «inacceptable» de «disparitions forcées et de détentions arbitraires»
depuis le début des hostilités, citant la hausse «alarmante» des enlèvements à
Tripoli, dont celui, le 16 juillet, du directeur adjoint de l'Office de
contrôle alimentaire et pharmaceutique, Mohamad Omar al-Machay. Dans un
communiqué publié mercredi sur Facebook, le ministère de l'Intérieur du GNA a
formellement démenti ces faits, affirmant que Mohamad Omar al-Machay avait été
«placé en garde-à-vue dans le cadre d'une enquête judiciaire [...] avant d'être
déféré devant le parquet». Depuis, il a été relâché sous caution.
Devant l'ONU, Ghassan Salamé avait
également dénoncé «la fréquence croissante des attaques sur l'aéroport de
Mitiga», et appelé les autorités de Tripoli «à cesser d'utiliser l'aéroport à
des fins militaires». Seul aéroport opérationnel desservant Tripoli, Mitiga a
déjà été fermé des dizaines de fois ces quatre derniers mois à cause des
combats entre les forces loyales au gouvernement d'union nationale (GNA), et
celles du maréchal Haftar.
La Libye est plongée dans le chaos depuis
la chute du régime du colonel Khadafi en 2011. La reprise des combats depuis le
début en avril de l'offensive sur Tripoli du maréchal Haftar a fait environ un
millier de morts et poussé plus de 100.000 personnes à la fuite, selon les
estimations respectives de l'OMS et de l'ONU.