Publié par CEMO Centre - Paris
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Le recrutement djihadiste des femmes en Espagne

vendredi 13/juillet/2018 - 04:52
La Reference
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Ahmed Lamloum

 

En avril 2017, sous le thème « Le recrutement

 djihadiste des femmes en Espagne de

 2014 à 2016 », l’Institut Royal

 espagnol Elcano a publié une étude analytique

 présentée par Carola Garcia

 Calvo, chercheuse au département du terrorisme international audit Institut. Dans cette étude, elle a répondu de manière - analytique - à de nombreuses questions concernant les

Espagnoles

 qui ont été recrutées par Daech.

L’Institut Royal  Elcano  est l’un des plus

 importants et des plus prestigieux

 centres de recherches pionniers dans le domaine de la pensée stratégique en Espagne. Il a été fondé en 2001 sous la houlette de l’ancien roi d’Espagne, Juan Carlos I. L’Institut accorde un intérêt majeur aux dossiers liés au terrorisme et aux groupes extrémistes.

L'étude

 s’est appuyée sur les Espagnoles

 qui ont été recrutées par Daech. Qui sont-elles ? Comment ont-elles été recrutées ?

Quels

 sont leurs motifs d’adhésion

 à de pareilles organisations terroristes ?

L’étude s’est axée sur des informations précises

 qui avaient été fournies

 par les autorités espagnoles à la chercheuse sur un groupe de

 23 femmes. Elles avaient été

 arrêtées dans le cadre de campagnes sécuritaires lancées par les autorités espagnoles contre des individus et des groupes

et avaient

 été accusées d’adhérer à Daech. Carola Garcia Calvo a même

 assisté au

jugement

de ces accusées

 et a interviewé les enquêteurs qui les

avaient

 interrogées.

Dans son importante

étude,

 la chercheuse a mentionné comment ces groupes djihadistes ont ciblé les Espagnoles pour les recruter et les impliquer dans leur conflit en Irak et en Syrie. En effet, des groupes religieux

 étaient impliqués

à cela.

‪Elle a expliqué que

 l’idéologie extrémiste s’est propagée via des personnes nées en Espagne, qui ne sont pas des immigrées, comme c’était le cas au début des années 70 du vingtième siècle.

Et qu'en

dépit de la différence  entre

 ces femmes, elles adoptent toutes

les mêmes idées extrémistes

 dont figure en tête la

 mise en place d’un prétendu

 Califat islamique.

L'étude a

 démontré que lorsque les analystes et les chercheurs se réunissent afin de discuter

du

 terrorisme, ils doivent en premier lieu étudier en

 profondeur les évolutions qui se sont déroulées

 dans les opérations de recrutement terroristes.   

Avec l’arrivée de l’été 2014, le monde a connu

 Daech après l’annonce de la création du Califat islamique. C’était le début de la transformation la plus dramatique dans l’évolution du Mouvement djihadiste international. En effet, cette évolution a été notamment marquée par

une rivalité

de pouvoir entre Daech et Al-Qaïda.

Dans le premier discours du calife de Daech

 Abou Bakr Al-Baghdadi de Moussol, il a appelé à immigrer vers le Califat, et la réussite de Daech sur le terrain

a encouragé

 des milliers d’hommes et de femmes de par le monde à se  rendre dans les zones contrôlées par le groupe.

Aucun autre mouvement terroriste - avant Daech

 - n’avait réussi, notamment dans les pays européens - à attirer autant de personnes et à les persuader à

rejoindre

des groupes terroristes en Syrie

 et en Irak.

En Espagne, ceux qui ont voyagé sont

à peu près au nombre de 208 personnes

 depuis 2013 (dont

 10% sont des femmes) en plus de 23 autres femmes interpellées par les autorités pour avoir pris part à des activités liées à Daech.

Par ailleurs,

 les autorités françaises ont annoncé

 avoir arrêté en septembre 2016

 trois femmes extrémistes à Paris, ajoutant

 que ces femmes planifiaient pour des actes de violence.

Ascension du rôle féminin :  

Il était bien difficile de créer un fichier

 pour chaque femme de manière isolée, mais une interrogation s’est imposée, d’autant plus que Daech a perdu les zones qu’il contrôlait :

quel

 serait le rôle futur de ces femmes ? Peut-on lire à la lumière des changements qui se sont opérés au niveau du rôle des femmes dans ces organisations, que ce soit à travers

leur

 participation dans la planification des opérations terroristes ou encore  dans leur

 mise à

 exécution ?

Avec l’évolution continue des Mouvements djihadistes

 mondiaux, il est urgent de suivre le

 rôle que jouent les femmes

en analysant les organisations

 terroristes.

Stratégie de recrutement :

On déduit que la stratégie de recrutement

 de Daech en Espagne est de s’orienter vers des jeunes filles et des femmes qui n’ont pas de responsabilités familiales. L’organisation a également cherché des femmes qui peuvent servir d’épouses et donner naissance à des enfants dans les zones sous

son

 contrôle, ce qui lui garantit

 une présence démographique continue tout en créant une nouvelle génération de terroristes élevés dans les régions

qu'elle contrôle.

Le nombre

d'Espagnols

 a atteint 60.9%  et plus de la moitié était née en Espagne (56.5%). Tandis que 34.8% sont d’origine

maghrébine

et 13% n’ont pas

d'arrière-fond

 lié à l’Islam ou aux groupes extrémistes. Il s’agit de femmes qui se sont converties. De même que les femmes arrêtées étaient beaucoup plus éduquées que les hommes. 87.5% d’entre elles avaient obtenu

le

 Bac contre 25.7% d’hommes. Et

les universitaires parmi

les femmes

 étaient de 6.3%.

‪Le nombre de femmes

au

 chômage

se chiffrait à

 33.3%. Un chiffre supérieur à celui des hommes, qui

 était de 10%. Elles n’avaient

pas

 non plus de casier judiciaire.

Le recrutement via Internet :

Parmi les femmes arrêtées et jugées pour avoir

 pris part à des activités liées au Mouvement de Daech entre 2014 et 2016, 8 sur 10 ont été attirées par la pensée extrémiste via un contact direct et une rencontre avec des individus de ce courant. Tandis que 55.6% d’entre elles sont devenues extrémistes au

 sens large du terme en accédant à des tribunes médiatiques de Daech via les réseaux sociaux. En effet, l’Internet a permis aux femmes d’accéder à la propagande djihadiste, et les réseaux sociaux

constituaient

la tribune principale avec un

 taux de 93.3%, puis l’application des correspondances via portable (80%).

L’extrémisme est donc le fruit de

 la communication avec des individus

 pour donner à ces femmes de vastes ressources que ce soit à travers les individus ou à travers un contenu écrit ou visible.

Le

 recrutement djihadiste … les motivations  et la faible volonté

L’étude s’est

en outre

 focalisée sur les motivations qui ont poussé ces femmes à rejoindre

 l’organisation. Le motif sentimental

 mélangé à la religion était le plus puissant. En effet, 61.5% de ces femmes ont eu des promesses de se marier avec des combattants de Daech.

 La raison ayant contribué à

 la perte d’une volonté face à ces offres

 est le fait que beaucoup parmi

 ces femmes avaient perdu un membre de leur

famille,

ou avaient connu

 une relation amoureuse qui s'est

 soldée par un échec.

En tout cas, il est clair que le fait de recruter

 des femmes en

 Espagne avait

pour objectif d’élargir la base

 des partisanes et des partisans dans ce pays. 

"