Irak: près de 10 millions de dollars d'aide aux déplacés détournés
Près de dix millions de dollars d'aide aux
déplacés de la province ravagée de Ninive, où le groupe Etat islamique (EI)
avait établi sa «capitale» en Irak, ont été détournés par l'ex-gouverneur en
fuite, a indiqué ce mardi un organe gouvernemental anticorruption.
Un porte-parole de cet organe, la
Commission pour la transparence, a expliqué que ses enquêteurs avaient retrouvé
«des factures établies par des promoteurs au Kurdistan irakien». Mais,
poursuit-il, «aucun reçu n'a été trouvé» pour ces sommes, débitées, qui
devaient servir à réhabiliter deux hôpitaux de Mossoul, la grande ville du nord
de l'Irak, 12e pays le plus corrompu au monde. De nombreux habitants de la
ville sont encore déplacés, les services publics n'ayant toujours pas été rétablis.
Actuellement, 1,6 million d'Irakiens
s'entassent toujours dans des camps de déplacés, dont plus de 40% sont
originaires de la province de Ninive, selon l'Organisation internationale pour
les migrations (OIM). Une somme de 11,3 milliards de dinars (9,4 millions de
dollars) avait été allouée au Conseil provincial par le ministère des Emigrés
et Déplacés, selon la Commission. «Elle a été débitée et n'apparaît sur aucun
compte bancaire des autorités provinciales ni dans les caisses du Conseil
provincial», pointe-t-elle. «Elle a été transférée au Kurdistan», région
autonome où se trouve actuellement Nawfel Akoub, gouverneur limogé de Ninive,
en fuite depuis un naufrage qui a fait plus de 150 morts un jour de fête des
Mères à Mossoul en mars.
Nawfel Akoub, désormais installé au
Kurdistan comme d'autres officiels recherchés par Bagdad, a été récemment visé
par des sanctions américaines pour corruption, avec d'autres responsables. En
avril déjà, la Commission pour la transparence avait annoncé que plus de 60 millions
de dollars de fonds publics avaient été détournés, par des fonctionnaires
proches de Nawfel Akoub, du budget de Ninive de 800 millions de dollars. Ces 15
dernières années, la corruption a coûté près de 250 milliards de dollars
d'argent public, soit deux fois le budget de l'Etat et même plus que le Produit
intérieur brut (PIB) de l'Irak, selon le Parlement.