Soudan. Cinq manifestants dont quatre lycéens tués par balles lors d’un rassemblement
Lundi dans la ville soudanaise d’Al-Obeid,
cinq manifestants ont été tués par des tirs de snipers, selon un comité de
médecins proche du mouvement de contestation. La fusillade a eu lieu à la
veille de la reprise des négociations sur l’accord de transition politique
entre l’armée au pouvoir et l’opposition citoyenne.
Cinq manifestants, dont quatre étudiants, ont été tués par balles lundi 29 juillet lors d’un rassemblement au Soudan, à la veille de la reprise des négociations entre pouvoir militaire et
chefs de la contestation pour finaliser un accord sur la transition.
Pays pauvre à l’économie exsangue, le
Soudan est en proie à un mouvement de protestation depuis décembre 2018.
Déclenchées après le triplement du prix du pain, les manifestations se sont
transformées en contestation du régime qui a poussé l’armée à destituer et
arrêter le 11 avril le président Omar el-Béchir après 30 ans au
pouvoir.
Elles
se sont poursuivies après la mise à l’écart du chef de l’État et la mise en
place d’un Conseil militaire qui a succédé à Omar el-Béchir, pour réclamer un pouvoir civil et de
meilleures conditions de vie.
Tirs de snipers
Lundi
dans la ville d’Al-Obeid, la capitale de l’Etat du Nord-Kordofan (centre), cinq
manifestants ont été tués par balles lors d’un rassemblement, selon un comité
de médecins proche du mouvement de contestation.
« Cinq martyrs sont tombés sous les tirs de snipers lors d’un rassemblement
pacifique », a précisé le comité dans un communiqué en
faisant état d’un nombre indéterminé de blessés.
Les raisons pour lesquelles ces personnes
manifestaient n’étaient pas claires dans l’immédiat. La ville d' Al-Obeid n’a
pas connu de manifestations importantes contre le pouvoir lors des mois de
contestation.
L’Association des professionnels soudanais
(SPA), l’un des principaux membres de la contestation, a affirmé que des « balles
réelles » avaient été tirées contre ce qu’elle a présenté
comme une manifestation d’étudiants.
« Nous appelons tous les citoyens et les
médecins et les secouristes à se rendre aux urgences à l’hôpital et d’autres
hôpitaux qui reçoivent les blessés atteints de balles réelles », a dit le groupe sur sa page Facebook.
Les militaires nient
toute implication
Plusieurs
manifestations ont eu lieu depuis samedi à Khartoum pour protester contre les
conclusions d’une enquête officielle sur la répression meurtrière d’un sit-in
de manifestants le 3 juin dans la capitale soudanaise qui a fait des
dizaines de morts.
Cette enquête a conclu samedi à
l’implication dans la dispersion du sit-in de huit paramilitaires dont trois au
moins sont membres des redoutées Forces de soutien rapide (RSF) dirigées par le
numéro deux du Conseil militaire au pouvoir au Soudan, Mohammed Hamdan Daglo.
Avant l’annonce des résultats de l’enquête,
Mohammed Hamdan Daglo avait nié toute responsabilité de ses forces dans la
répression de ce sit-in, qui fut l’épicentre du mouvement de contestation.
Selon un comité de médecins proche des
protestataires, 127 manifestants ont péri dans la dispersion du sit-in.Les chefs de la contestation ont
rejeté les conclusions de l’enquête, qui évoque un bilan des victimes moins
élevé que le leur et exonère la responsabilité du Conseil militaire qui a
affirmé n’avoir pas donné les ordres pour la dispersion.
246 morts en deux mois
Depuis
décembre, la répression de la contestation a fait 246 morts, y compris les 127
manifestants tués le 3 juin, selon le même comité de médecins.
Mardi, le Conseil militaire et les chefs de
la contestation doivent reprendre les négociations pour finaliser certains
points en suspens de l’accord conclu le 17 juillet après de difficiles
négociations.
Cet accord prévoit un Conseil souverain
composé de cinq militaires et six civils qui sera chargé de mener la transition
pendant un peu plus de trois ans.
Un comité technique représentant les deux
parties tiendra des discussions préliminaires lundi.