Le soufisme en Occident. Des racines historiques au ton oriental
Nahla Abdel Moneim
Pendant soixante-dix ans avant sa
mort en mai 2018, John Hinnells, professeur-maître de conférences en études
religieuses à l'Université britannique de Derby, a publié de nombreux livres et
ouvrages qui mettent en exergue les discordances et les concordances entre les
différentes religions, les différentes juridictions de celles-ci, en plus des
pratiques et des rituels de chacun des différents sectes y dépendants.
Parmi les livres les plus importants qui ont parcouru le
mysticisme et le vaste monde du soufisme figure le livre « Le Soufisme en
Occident » (Sufism in the West) coécrit avec le professeur d'études
islamiques à l’Université d'Erfurt en Allemagne, en l’occurrence le Pakistanais
Jamal Malik.
Le livre qui est en neuf chapitres présente certaines thèses et
études menés par de nombreux chercheurs occidentaux sur l'histoire et les
mouvements soufis en Occident. Il répond également à quelques questions
relatives aux Ordres les plus influents au sein de la communauté musulmane dans
un Occident plutôt dominé par le libéralisme.
Quant aux groupes les plus touchés par la propagation soufie en
Europe et aux États-Unis, ledit livre illustre que la plupart d'entre eux
appartiennent aux enfants d'immigrés musulmans influencés par le « romantisme
idéal de la spiritualité orientale » et par ses têtes pensantes à l’instar
de Jalāl ad-Dīn Muhammad Rūmī (1207-1273) qui est un célèbre soufi et maître de l'Ordre des Mevlevis, ou l'Ordre des
derviches tourneurs (Mawlawiya), dépendant de l’Ecole sunnite. Elle est célèbre
d’être une danse qui, autour de leur chef, les danseurs tournent d’abord
lentement puis très rapidement, jusqu’à ce qu'ils atteignent une forme de
transe, durant laquelle ils déploient « les bras, la paume de la main
droite dirigée vers le ciel dans le but de recueillir la grâce d’Allah, celle
de la main gauche dirigée vers la terre pour l’y répandre ».
Les pionniers du soufisme en
Occident
Le concept du courant soufi est vu
par les érudits occidentaux spécialistes des études islamiques tel que le
décrit le livre (224 pages) qui l’identifie comme la « dimension mystérieuse de
l'Islam », terme qui se référé à une variété de modèles spirituels qui visent à
la profonde dévotion à Dieu, l’Unique.
L’Afghan Idris Shah, qui vécut entre 1924 et 1996, a été l’un
des principaux pionniers qui portèrent le flambeau du soufisme. Il émigra de
l'Inde, son pays de naissance, vers le Royaume-Uni où il a grandi.
L'ordre Naqshbandi à
l’occidentale
L’ordre Naqshbandi figure parmi les écoles soufies qui ont une
grande expansion en Europe et aux États-Unis. Son nom dérive de son fondateur
Muhammad Bahaa al-Din Naqshband. Les affluents intellectuels de l’ordre
Naqshbandi sont diversifiés selon les régions de son expansion dans les pays
occidentaux.
I-
L’ordre
Naqshbandi rénové: Il est l'un des ordres soufis les plus répandus en Allemagne.
Cette prolifération est due à sa riche expansion en Turquie, qui l’a à son tour
transférée en Allemagne à travers des organisations turques qui dominent la vie
des musulmans, à l’instar de l’organisation "Milli Gross", qui
serait, selon le chercheur, une communauté parallèle au soufisme.
II-
L’ordre
Naqshbandi Haqqaniyah: Celui-ci figure parmi les ordres soufis très répandus.
Son expansion se révèle par la dynamique que jouissent les soufis en Occident,
tandis que l'actuel courant de cet ordre est considéré comme une branche
récente de l’ordre mère qui a des racines asiatiques. Il est également
caractérisé par son orientation sunnite pure et sa pleine participation sociale
et politique.
Hazrat Inayat Khan
Le soufisme américain
Le chercheur assimile le mouvement
soufi en Amérique à deux termes de base, à savoir :
·
« L’hybride
», c'est-à-dire les mouvements et les groupes soufis établis par les musulmans
immigrés, nourris par une tendance nostalgique à l'environnement dans lequel
ils sont nés, après leur insertion dans la société de leur pays d’accueil.
·
« L'existentialisme
absolu » : ces mouvements représentent une réalité mondiale éternelle
qui découle d'un existentialisme absolu que le chercheur se réfère au concept
de gnose plutôt qu’un terme religieux. Le gnosticisme renvoie souvent à un
ensemble d'idées qui transcendent la religion elle-même en tant que phénomène
global décrivant un état de la philosophie religieuse qui explique les concepts
du monothéisme pur du Dieu Unique.
Le soufisme britannique
Les soufis ont parcouru les routes du commerce, d'invasion
impériale et du pèlerinage pour atteindre les coins les plus reculés du monde.
En effet, ils ont transporté vers les différents pays du monde le message
mystique d’un soufisme né dans le Proche-Orient. Alors que les migrations
pakistanaises ont été comme un modèle, pour promouvoir les visions et les
perceptions du soufisme dans la société britannique, en particulier à
Manchester et dans ses mosquées, où, selon le chercheur, existent certains
« halaqat » (cercles) du dhikr soufi.