Soudan: généraux, protestataires et rebelles discutent de "paix" à Juba
Juba - Les
généraux au pouvoir au Soudan et les meneurs de la contestation, qui ont signé
un accord de partage du pouvoir, doivent discuter de "paix" samedi à
Juba avec les représentants de groupes rebelles actifs dans les Etats du
Kordofan-Sud et du Nil bleu, a-t-on appris de source officielle.
Avec le
président sud-soudanais Salva Kiir comme médiateur, la délégation doit "discuter avec des groupes d'opposition (...) pour voir
comment nous pouvons mettre en oeuvre le récent accord de paix que nous avons
signé à Khartoum", a déclaré à la presse le général Mohamed
Hamdan Daglo, numéro deux du Conseil militaire de transition soudanais, à son
arrivée à l'aéroport de la capitale sud-soudanaise.
"Nous espérons qu'ils (les groupes d'opposition)
reviendront à Khartoum après notre réunion afin de restaurer la paix",
a-t-il ajouté.
Mohamed Hamdan Daglo est accompagné par deux autres généraux
et deux hauts responsables du mouvement de contestation soudanais, ont indiqué
à l'AFP des sources au sein du Conseil militaire de transition et au sein des
meneurs de la contestation.
Le général a assuré être là pour rencontrer notamment Abdelaziz
al-Hilu, un chef rebelle du Kordofan-Sud, tandis qu'un journaliste de l'AFP
présent au palais présidentiel de Juba a vu Malik Agar, un chef rebelle du Nil
Bleu, rentrer dans la salle prévue pour les discussions.
Le 17 juillet, les chefs de la contestation et le Conseil
militaire qui a succédé au président déchu Omar el-Béchir étaient parvenus à
Khartoum à un accord sur le partage du pouvoir, premier pas vers un
gouvernement civil, la principale revendication des manifestants.
Mais des groupes rebelles faisant partie du mouvement de
contestation avaient exprimé des réserves concernant cet accord, estimant que
des questions clés comme la nécessité d'amener la paix dans les zones de
conflit (Darfour, Kordofan-Sud et Nil Bleu) et de venir en aide aux "populations vulnérables", n'avaient pas été traitées.
Ces groupes rebelles et les dirigeants de la contestation ont
finalement trouvé un accord mercredi à Addis Abeba, avec "pour objectif d'établir la paix
avec tous les groupes armés".
Aucun élément ne laissait penser samedi que des rebelles du
Darfour étaient représentés à Juba. Les raisons de cette apparente absence ne
sont pas connues.
Les groupes rebelles ont affronté durant des années les
forces de l'ex-président soudanais au Darfour, dans le Nil Bleu et dans le
Kordofan-Sud. Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées dans ces
trois conflits, des millions déplacées et des centaines de milliers vivent
toujours dans des camps.
Dès qu'un accord de paix sera finalisé pour ces zones de
conflit, les groupes rebelles souhaitent avoir des représentants au sein du
futur gouvernement de transition. Ils réclament aussi l'extradition par le
Soudan des personnes accusées de crimes par la Cour pénale internationale
(CPI), notamment Omar el-Béchir, ce que les généraux au pouvoir refusent.