Publié par CEMO Centre - Paris
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Les Frères Musulmans, les associations caritatives et civiles

jeudi 12/juillet/2018 - 05:12
La Reference
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Ahmed Kamel Al-Béheiri

 

Les associations caritatives constituent l’un des plus importants piliers sur lesquels compte la Confrérie des Frères Musulmans depuis sa création dans les années 20 du siècle dernier et jusqu’à la chute du régime frériste après la destitution du président Mohamed Morsi le 3 juillet 2013. Les associations civiles et caritatives, relevant des Frères Musulmans, ont joué un rôle important pour attirer de nouveaux éléments vers la Confrérie et pour mobiliser les gens lors des échéances électorales, que ce soient les élections locales, parlementaires ou présidentielles. Au cours des dernières décennies, la Confrérie est parvenue à renforcer ses piliers grâce aux associations qui se trouvaient de manière principale dans les provinces et les zones pauvres. La Confrérie possédait plus de 1000 associations réparties dans différents lieux. En effet, la Confrérie a pu exploiter ces associations au service de ses objectifs politiques. Elles jouaient ainsi trois rôles principaux : le rôle de prédication ou religieux, le rôle social et caritatif, ainsi que le rôle politique qui s’est manifesté sur une vaste étendue pendant les périodes électorales et le référendum sur la Constitution.

Premièrement le rôle des associations civiles, relevant de la Confrérie des Frères Musulmans :

1  Rôle politique

2  Rôle social

3  Rôle de prédication

1- Le rôle de prédication des associations civiles

     relevant de la Confrérie des Frères Musulmans :

   Les associations civiles, relevant de la Confrérie des Frères Musulmans, ont joué un rôle principal afin de propager les idées du  Groupe sous l’appellation de prédication. Il s’agit d'un des plus importants rôles des associations civiles de la Confrérie. Ce rôle, il est joué via les mosquées civiles (qui ne sont pas publiques) et qui dépendent desdites associations. Celles-ci constituent l’un des outils d’éducation sociale mise en place par la Confrérie en s’y basant sur ses activités à l’instar des leçons de religion, de la récitation du Coran et autres. Ces associations se sont transformées en mosquées avec le temps de sorte à permettre aux prédicateurs ainsi qu’aux hommes de religion qui appartiennent à la Confrérie de tenir leurs discours et de donner des cours de religion.

2- Le rôle social et caritatif des associations :

    Les associations qui dépendent des Frères Musulmans pour plus d’un siècle ont joué un rôle social et caritatif dans l’ensemble du pays, notamment dans les zones pauvres et sauvages, en présentant des aides, des subventions aux pauvres, ainsi qu'en créant un certain nombre d’institutions médicales, d’écoles, et de projets aux familles monoparentales, aux jeunes. Ceux-ci sont attirés sous prétexte de prendre part à des mini-projets et des micro-projets comme les « ateliers de menuiserie », en plus des aides financières, des voyages au pèlerinage, des orphelinats. Grâce aux idées caritatives, ces associations ont joué un rôle qui a remplacé celui de l’Etat et leur a permis d’exercer une influence sur les classes sociales populaires, tout en exerçant leur contrôle sur les régions en carence d’intérêt gouvernemental. Le rôle social de ces associations fréristes s’étend à une vaste catégorie de classes sociales et aux classes riches au cours des premières années du deuxième millénaire via la création d’hôpitaux d’investissements et d’écoles internationales.

3- Le rôle politique des associations civiles des Frères Musulmans :

   Le rôle politique des associations civiles est l’objectif stratégique. Le rôle social, caritatif et de prédication est une tactique qui vise à gagner davantage de popularité et qui œuvre à se rapprocher des bases populaires, dans le but d’obtenir le maximum de voix aux différentes élections. C’est ce qui s'est d'ailleurs réalisé de manière claire aux législatives de 2011 et de 2012.

Le nombre des associations civiles et caritatives des Frères Musulmans a atteint des centaines au point que le ministère de la Solidarité sociale (en Egypte) a annoncé vers fin  2015 avoir fermé plus de 100 associations civiles relevant de la Confrérie des Frères Musulmans en une période qui ne dépasse pas un an et demi. Ce chiffre a augmenté au cours des trois dernières années, ce qui démontre que le réseau des Frères Musulmans se développe en possédant des centaines d’associations civiles et caritatives, outre l’existence d’un grand nombre d’écoles, d’hôpitaux, de centres d’apprentissage du Coran. Parmi les associations les plus célèbres figure l’Association Ansar Al-Souna » (Les partisans de la Sounah ) qui dispose de 200 antennes sur l’ensemble du territoire national. 1750 mosquées dépendent de l’Association. Et elle supervise 203 centres d’apprentissage du Coran, 31 instituts de formation des prédicateurs, 27 hôpitaux, 3 écoles, en plus d’un foyer de vieillards.

S’ajoutent à cela les services présentés par l’Association aux familles pauvres, plus les créations d'emplois dans des projets commerciaux et des magasins fréristes.

Dans le cadre de la stratégie de l’Etat contre l’extension de la Confrérie des Frères Musulmans après la Révolution du 30 Juin via les associations civiles, les autorités ont pris bon nombre de décisions qui ont abouti à l'interdiction des associations des Frères Musulmans. Tout a commencé par le verdict du Tribunal du Caire le 23 septembre 2013 qui stipule l'interdiction de toutes les activités des Frères et la confiscation des fonds de la Confrérie. Suite donc à ce verdict, les associations relevant des Frères Musulmans ont été interdites et leurs fonds confisqués. C’est ce que le ministère de la Solidarité sociale a appliqué en arrêtant l’activité de certaines associations et en transférant leur tutelle à l’Etat, vu qu’elles dirigeaient des projets dont bénéficiaient un grand nombre de citoyens. La ministre de la Solidarité sociale a indiqué que les fonds de ces associations vont être dirigés par le Fonds d’aide aux associations et institutions civiles.

Nous pouvons dire qu’il y a un certain nombre de facteurs essentiels qui ont poussé l’Etat à interdire totalement cette Confrérie, notamment les associations de la société civile.

Deuxièmement : Les motifs d’interdiction des associations de la société civile relevant des Frères Musulmans :  

Exclure la Confrérie de l’action publique

Entraver les pratiques des associations qui incitent et financent la violence

Assécher les ressources financières de la Confrérie

Priver la Confrérie d’un des principaux moyens de communication sociale et d’influence populaire.

Il y a d’innombrables motifs qui ont poussé l’Etat égyptien à interdire les associations civiles relevant des Frères Musulmans. Parmi ces motifs, nous pouvons citer le fait de couper la route aux financements de la Confrérie en confisquant les entreprises, les hôpitaux, les associations civiles qui collectent les dons des citoyens. Ceci permet de réduire le pouvoir des Frères Musulmans sur le plan populaire et sur le plan géographique. En dépit de la réussite relative de l’Etat, le vrai défi est que l’Etat lui-même soit capable de compenser ce manque à gagner. C’est un vrai défi car il est lié à un grand nombre de citoyens qui bénéficiaient de l’action de ces associations, notamment dans les bidonvilles, les quartiers pauvres du Caire, les provinces de la Haute-Egypte et du Delta.

   Dans l’ensemble, les associations civiles et caritatives ont joué un rôle important pour garantir le pouvoir de la Confrérie des Frères Musulmans plus d’un demi-siècle de la création de la Confrérie dans les années 20 du siècle dernier et jusqu’à l’effondrement du régime des Frères en 2013. En effet, ces associations ont permis aux Frères Musulmans de se propager sur l’ensemble du territoire et de se créer une large base populaire qui les a aidés aux élections et qui leur a permis d’élargir leur pouvoir ces dernières années.

  L’Etat, en commençant par réduire le rôle des associations civiles relevant des Frères Musulmans, doit répondre à un certain nombre d’interrogations, dont le mécanisme de compensation sociale des catégories bénéficiaires desdites associations, et ce afin d’éviter que le rôle politique et social de la Confrérie revienne à nouveau.

Références :

1- Le journal Youm 7 du 15 décembre 2015 (La solidarité : Arrêt de plus d’un millier d’associations civiles dont la majorité relèvent des Frères Musulmans) ‫الإخوان) https://www.youm7.com/story/ 2015/12/15/التضامن-وقف-أكثر- من-ألف-جمعية-أهلية-معظمها- تابعة-لجماعة/2492110

2- Le journal Al-Masri Al-Youm, du 24 décembre 2013, http://d1y99r0ynoudrd. cloudfront.net/news/details/ 363611

3- Dr Ayman Al-Sayyed Abdel Wahab : Les associations civiles en Egypte, déséquilibre du rôle, Centre de recherches politiques et stratégiques d’Al-Ahram,

4- Dr Talaat Abdel Qawi : Les associations civiles entre la Constitution et la loi, le journal Al-Ahram, 27 mars 2014.

5- Ahmed Kamel Al-Béheiri : Est-ce que l’Etat est parvenu à éradiquer les Frères Musulmans? - Centre régional des études stratégiques - mars 2015.

 

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