Les Frères Musulmans, les associations caritatives et civiles
Les associations caritatives constituent l’un
des plus importants piliers sur lesquels compte la Confrérie des Frères
Musulmans depuis sa création dans les années 20 du siècle dernier et jusqu’à la
chute du régime frériste après la destitution du président Mohamed Morsi le 3
juillet 2013. Les associations civiles et caritatives, relevant des Frères
Musulmans, ont joué un rôle important pour attirer de nouveaux éléments vers la
Confrérie et pour mobiliser les gens lors des échéances électorales, que ce
soient les élections locales, parlementaires ou présidentielles. Au cours des
dernières décennies, la Confrérie est parvenue à renforcer ses piliers grâce
aux associations qui se trouvaient de manière principale dans les provinces et
les zones pauvres. La Confrérie possédait plus de 1000 associations réparties dans
différents lieux. En effet, la Confrérie a pu exploiter ces associations au
service de ses objectifs politiques. Elles jouaient ainsi trois rôles
principaux : le rôle de prédication ou religieux, le rôle social et caritatif,
ainsi que le rôle politique qui s’est manifesté sur une vaste étendue pendant
les périodes électorales et le référendum sur la Constitution.
Premièrement le rôle des associations
civiles, relevant de la Confrérie des Frères Musulmans :
1 Rôle politique
2 Rôle social
3 Rôle de prédication
1- Le rôle de prédication des associations
civiles
relevant de la
Confrérie des Frères Musulmans :
Les associations civiles,
relevant de la Confrérie des Frères Musulmans, ont joué un rôle principal afin
de propager les idées du Groupe sous l’appellation de prédication. Il
s’agit d'un des plus importants rôles des associations civiles de la Confrérie.
Ce rôle, il est joué via les mosquées civiles (qui ne sont pas publiques) et
qui dépendent desdites associations. Celles-ci constituent l’un des outils
d’éducation sociale mise en place par la Confrérie en s’y basant sur ses
activités à l’instar des leçons de religion, de la récitation du Coran et
autres. Ces associations se sont transformées en mosquées avec le temps de
sorte à permettre aux prédicateurs ainsi qu’aux hommes de religion qui
appartiennent à la Confrérie de tenir leurs discours et de donner des cours de
religion.
2- Le rôle social et caritatif des
associations :
Les associations qui
dépendent des Frères Musulmans pour plus d’un siècle ont joué un rôle social et
caritatif dans l’ensemble du pays, notamment dans les zones pauvres et
sauvages, en présentant des aides, des subventions aux pauvres, ainsi qu'en
créant un certain nombre d’institutions médicales, d’écoles, et de projets aux
familles monoparentales, aux jeunes. Ceux-ci sont attirés sous prétexte de
prendre part à des mini-projets et des micro-projets comme les « ateliers
de menuiserie », en plus des aides financières, des voyages au pèlerinage,
des orphelinats. Grâce aux idées caritatives, ces associations ont joué un rôle
qui a remplacé celui de l’Etat et leur a permis d’exercer une influence sur les
classes sociales populaires, tout en exerçant leur contrôle sur les régions en
carence d’intérêt gouvernemental. Le rôle social de ces associations fréristes
s’étend à une vaste catégorie de classes sociales et aux classes riches au
cours des premières années du deuxième millénaire via la création d’hôpitaux
d’investissements et d’écoles internationales.
3- Le rôle politique des associations civiles
des Frères Musulmans :
Le rôle politique des
associations civiles est l’objectif stratégique. Le rôle social, caritatif et
de prédication est une tactique qui vise à gagner davantage de popularité et
qui œuvre à se rapprocher des bases populaires, dans le but d’obtenir le
maximum de voix aux différentes élections. C’est ce qui s'est d'ailleurs réalisé
de manière claire aux législatives de 2011 et de 2012.
Le nombre des associations civiles et
caritatives des Frères Musulmans a atteint des centaines au point que le
ministère de la Solidarité sociale (en Egypte) a annoncé vers fin 2015 avoir
fermé plus de 100 associations civiles relevant de la Confrérie des Frères
Musulmans en une période qui ne dépasse pas un an et demi. Ce chiffre a
augmenté au cours des trois dernières années, ce qui démontre que le réseau des
Frères Musulmans se développe en possédant des centaines d’associations civiles
et caritatives, outre l’existence d’un grand nombre d’écoles, d’hôpitaux, de centres
d’apprentissage du Coran. Parmi les associations les plus célèbres figure
l’Association Ansar Al-Souna » (Les partisans de la Sounah ) qui
dispose de 200 antennes sur l’ensemble du territoire national. 1750 mosquées
dépendent de l’Association. Et elle supervise 203 centres d’apprentissage du
Coran, 31 instituts de formation des prédicateurs, 27 hôpitaux, 3 écoles, en
plus d’un foyer de vieillards.
S’ajoutent à
cela les services présentés par l’Association aux familles pauvres, plus les
créations d'emplois dans des projets commerciaux et des magasins fréristes.
Dans le cadre de la stratégie de l’Etat
contre l’extension de la Confrérie des Frères Musulmans après la Révolution du
30 Juin via les associations civiles, les autorités ont pris bon nombre de
décisions qui ont abouti à l'interdiction des associations des Frères
Musulmans. Tout a commencé par le verdict du Tribunal du Caire le 23 septembre
2013 qui stipule l'interdiction de toutes les activités des Frères et la
confiscation des fonds de la Confrérie. Suite donc à ce verdict, les
associations relevant des Frères Musulmans ont été interdites et leurs fonds
confisqués. C’est ce que le ministère de la Solidarité sociale a appliqué en
arrêtant l’activité de certaines associations et en transférant leur tutelle à
l’Etat, vu qu’elles dirigeaient des projets dont bénéficiaient un grand nombre
de citoyens. La ministre de la Solidarité sociale a indiqué que les fonds de
ces associations vont être dirigés par le Fonds d’aide aux associations et
institutions civiles.
Nous pouvons dire qu’il y a un certain nombre
de facteurs essentiels qui ont poussé l’Etat à interdire totalement cette
Confrérie, notamment les associations de la société civile.
Deuxièmement : Les motifs d’interdiction
des associations de la société civile relevant des Frères Musulmans :
Exclure la Confrérie de l’action publique
Entraver les pratiques des associations qui incitent
et financent la violence
Assécher les ressources financières de la
Confrérie
Priver la
Confrérie d’un des principaux moyens de communication sociale et d’influence
populaire.
Il y a d’innombrables motifs qui ont poussé
l’Etat égyptien à interdire les associations civiles relevant des Frères
Musulmans. Parmi ces motifs, nous pouvons citer le fait de couper la route aux
financements de la Confrérie en confisquant les entreprises, les hôpitaux, les
associations civiles qui collectent les dons des citoyens. Ceci permet de
réduire le pouvoir des Frères Musulmans sur le plan populaire et sur le plan
géographique. En dépit de la réussite relative de l’Etat, le vrai défi est que
l’Etat lui-même soit capable de compenser ce manque à gagner. C’est un vrai
défi car il est lié à un grand nombre de citoyens qui bénéficiaient de l’action
de ces associations, notamment dans les bidonvilles, les quartiers pauvres du
Caire, les provinces de la Haute-Egypte et du Delta.
Dans l’ensemble, les
associations civiles et caritatives ont joué un rôle important pour garantir le
pouvoir de la Confrérie des Frères Musulmans plus d’un demi-siècle de la
création de la Confrérie dans les années 20 du siècle dernier et jusqu’à
l’effondrement du régime des Frères en 2013. En effet, ces associations ont
permis aux Frères Musulmans de se propager sur l’ensemble du territoire et de
se créer une large base populaire qui les a aidés aux élections et qui leur a
permis d’élargir leur pouvoir ces dernières années.
L’Etat, en commençant par réduire le
rôle des associations civiles relevant des Frères Musulmans, doit répondre à un
certain nombre d’interrogations, dont le mécanisme de compensation sociale des
catégories bénéficiaires desdites associations, et ce afin d’éviter que le rôle
politique et social de la Confrérie revienne à nouveau.
Références :
1- Le journal
Youm 7 du 15 décembre 2015 (La solidarité : Arrêt de plus d’un millier
d’associations civiles dont la majorité relèvent des Frères Musulmans) الإخوان) https://www.youm7.com/story/
2015/12/15/التضامن-وقف-أكثر- من-ألف-جمعية-أهلية-معظمها- تابعة-لجماعة/2492110
2- Le journal
Al-Masri Al-Youm, du 24 décembre 2013, http://d1y99r0ynoudrd.
cloudfront.net/news/details/ 363611
3- Dr Ayman Al-Sayyed Abdel Wahab : Les
associations civiles en Egypte, déséquilibre du rôle, Centre de recherches
politiques et stratégiques d’Al-Ahram,
4- Dr Talaat Abdel Qawi : Les associations
civiles entre la Constitution et la loi, le journal Al-Ahram, 27 mars 2014.
5- Ahmed Kamel Al-Béheiri : Est-ce que l’Etat
est parvenu à éradiquer les Frères Musulmans? - Centre régional des études
stratégiques - mars 2015.