Face à Boko Haram, comment stabiliser la région du Lac Tchad?
La question était au cœur du deuxième
forum à Niamey des huit régions du Lac Tchad les plus touchées par le groupe
terroriste. Les gouverneurs régionaux se sont engagés à mettre en application
une stratégie socio-économique notamment avec les bailleurs de fonds. Car la
lutte exclusivement armée contre Boko Haram n'a pas toujours protégé les
populations, comme au Tchad.
Huit plans
d'action pour les huit zones-clés les plus touchées par Boko Haram. Telle est
la stratégie qui s'est dégagée du deuxième forum à
Niamey sur les régions aux prises avec le groupe terroriste au Tchad, au Niger, au Cameroun et
au Nigeria.
Les
partenaires européens au développement ont accepté de financer le démarrage des
activités, a indiqué Boubakari Mana, le directeur technique de la Commission du
bassin du lac Tchad (CBLT). Car des réductions drastiques des activités socio-économiques
sont constatées partout dans le lit du lac Tchad. Selon le gouverneur de la
province tchadienne du Lac, Adam Nouky Charfadine, les partenaires
doivent aller au contact des populations victimes : « Il faut que ces partenaires sortent de
ces forums. Il faut aller sur le terrain, appuyer ce segment de la population
qui est commerçant, ainsi que les agriculteurs. »
Les
gouverneurs des huit zones ont accepté de mettre à exécution les conclusions du
forum qui insistent sur la paix et le développement durable. « Nous attendons qu'il y ait une
coopération transfrontalière très forte de façon à ce qu'il y ait une
stabilisation au niveau du bassin du lac Tchad et qu'on amorce aussi la
consolidation de la paix et le développent durable au profit de nos régions »,
a déclaré Mohamed Mouddour, gouverneur de la région de Diffa. Le forum
recommande également la prise en compte de
la sécurité, du changement climatique et du développement.
Surveillance renforcée au Tchad
Si le
forum de Niamey a insisté sur la dimension socio-économique, c'est que la lutte
contre Boko Haram n'a pas toujours su protégér les populations lorsqu'elle a
été exclusivement armée. Exemple avec le Tchad, un des pays qui est
allé au-devant de la menace en intervenant militairement au Cameroun, au
Nigeria et au Niger. Les attaques qui ont
touché Ndjamena à l’été 2015 ont obligé les autorités à renforcer la surveillance aux entrées et
dans les différents quartiers de la capitale.
Fouilles
corporelles et vérifications d’identité aux frontières se sont multipliées
permettant des arrestations de plusieurs dizaines de présumés terroristes. Les
mosquées et écoles coraniques ont aussi été placés sous étroite surveillance
pour déceler la moindre velléité islamiste. Une posture qui a permis d’interpeller
plusieurs dizaines de suspects parfois grâce à la coopération inter-États.
Pour le
directeur général de la police Ousmane Bassy Lougouma, le renseignement humain
est le plus important. C’est pourquoi il demande à la population de signaler le
moindre suspect : « C’est le lieu pour moi d’appeler la population à une vigilance
accrue, de collaborer étroitement avec la police nationale et de ne pas perdre
de vue la menace terroriste, notamment celle de la nébuleuse secte Boko Haram,
en dénonçant tout comportement ou colis suspect aux forces de défense et de
sécurité. Pour rappel, le numéro vert 20 20 est opérationnel 24 heures sur 24
et les appels sont gratuits à partir de n’importe quel opérateur téléphonique. »
Entre-temps,
une brigade antiterroriste a été créée au sein de la police nationale. Une
brigade qui a pris de l’envergure depuis quatre ans.