Ces millions que la France verserait à l'Irak pour nos djihadistes
Les autorités françaises auraient conclu un
accord tacite avec leurs homologues irakiens pour juger ses ressortissants
djihadistes à Bagdad. Une
entente officieuse dont le coût est élevé.
Face à
la gronde que suscitait l’évocation d’un retour sur le territoire des
djihadistes français capturés par les Forces démocratiques syriennes (FDS) au
Levant, le quai d’Orsay semble avoir opté pour une solution plus pratique, bien
que coûteuse : le transfert de ces prisonniers, moyennant l’aide des Kurdes,
devant la justice irakienne, rapporte Paris Match dans
un reportage consacré.
« La
France a tout organisé » avec les États-Unis
Treize
djihadistes français ont été capturés dans le Kurdistan syrien et transférés le
26 janvier dernier à Bagdad, en Irak, pour y être jugés. Neuf d’entre eux ont
déjà écopé de la peine capitale. Sauf que ces transferts des camps de
prisonniers syriens au tribunal de Bagdad sont illégaux sur le plan
international. « Si la France a participé à leur organisation,
elle s’expose à des sanctions », fait valoir Nabil Boudi, avocat au barreau
de Paris interrogé par le magazine. Un rapporteur de l’Onu s’est toutefois
saisi du dossier.
Les
forces kurdes, quant à elles, démentaient toute participation il y a un mois
encore. Pour cause, « les FDS veulent garder cela secret car ils sont
financés par la coalition », selon un activiste cité par Paris
Match. Les combattants français ont donc été acheminés à Bagdad par la
route jusqu’à Erbil, capitale du Kurdistan irakien. Selon Hicham Al-Hachemi,
expert en questions terroristes et proche du Premier ministre irakien,
également cité par le magazine « la France a tout organisé et les
États-Unis ont fourni le matériel nécessaire au transport ». Une
information confirmée par les dires d’un prisonnier recueillis par Paris
Match, selon lesquels il avait entendu « les Français parler
» à la frontière irako-syrienne.
2
millions de dollars par prisonnier écroué et jugé
Cette collaboration serait le résultat d’un
accord secret « tacite » passé en décembre 2018 entre
l’ambassade de France, les services secrets français et les Irakiens, sans
l’aval du Parlement irakien. Un modèle suivi par 13 autres États. Mais les
Kurdes et Syriens exigent des contreparties : « 23 dollars par jour
pour entretenir un prisonnier » chez les Kurdes, contre 18 en Irak,
selon Hicham Al-Hachemi. D'après plusieurs médias, la France aurait ainsi
négocié de verser à l’Irak 2 millions de dollars par prisonnier. Il n’est
toutefois pas question de faire réellement exécuter la peine capitale aux
djihadistes français, la France tenant à respecter ses positions sur la peine
de mort. Un juteux contrat pour l’Irak, pour qui « un djihadiste vivant
vaut mieux qu’un djihadiste mort », selon Hicham Al-Hachemi. Financièrement, entend-on.