Ankara discute de la possibilité d'une offensive militaire en Syrie
Le ministre turc de la Défense, Hulusi
Akar, a tenu jeudi une réunion avec l'état-major des forces armées sur la
possibilité d'une offensive à l'est de l'Euphrate en Syrie.
La veille, les autorités turques, disant
«perdre patience» avec Washington, avaient indiqué qu'elles lanceraient une
offensive si aucun accord sur une zone de sécurité en Syrie ne pouvait être
conclu avec les Etats-Unis. Une telle opération militaire serait la troisième
que lancerait la Turquie en trois ans dans le nord de la Syrie. Après l'annonce
par Donald Trump, à la fin de l'année dernière, du retrait des forces
américaines présentes dans le nord de la Syrie, Ankara et Washington étaient
convenus de créer une zone, le long de la frontière syro-turque, que devraient
évacuer les miliciens kurdes syriens des YPG (Unités de protection du peuple).
Ankara considère les YPG comme une
organisation terroriste et comme le prolongement en Syrie du PKK (Parti des
travailleurs du Kurdistan), qui mène une insurrection depuis 1984 contre le
pouvoir turc dans le sud-est de la Turquie. Or, les YPG ont été le principal
allié de Washington sur le terrain en Syrie dans les affrontements contre les
djihadistes du groupe Etat islamique. Ankara estime que les Etats-Unis
n'avancent pas en ce qui concerne la mise en place d'une zone de sécurité et
leur demande instamment de couper leurs liens avec les YPG.
Une délégation américaine, conduite par
l'émissaire spécial de Washington pour la Syrie, James Jeffrey, a soumis cette
semaine des propositions qui n'ont pas convaincu les autorités turques, a
déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. Jeudi, le
ministre turc de la défense a déclaré à de hauts gradés de l'armée nationale
qu'Ankara avait fait connaître son point de vue à la délégation américaine.
«Nous leur avons bien souligné que nous ne tolérerions aucun retard, et que
nous aurions recours à la force si nécessaire», a déclaré Hulusi Akar, cité par
son ministère.
A Washington, le Pentagone a réaffirmé que
la coordination et les consultations entre Etats-Unis et Turquie étaient la
seule façon de résoudre les questions de sécurité. Les relations entre Ankara
et Washington traversent une passe difficile, notamment après la décision des
Turcs d'acheter des missiles russes S-400, incompatibles avec les systèmes de
défense de l'Otan.