Soudan : un premier pas vers un gouvernement civil
Les contestataires soudanais ont eu raison
d'insister. L'accord politique signé entre les militaires et les civils ouvre
la voie à une transition de trois ans, même si quelques points sont encore
appelés à être précisés.
Les différentes parties se sont donc entendues sur plusieurs points. Le
premier : une période de transition de trois ans et trois mois. Le
second : la formation d'un Conseil souverain. Sa composition, qui a
beaucoup cristallisé les négociations, a également été actée, puisque l'organe
sera formé de cinq militaires et de six civils. Les militaires présideront
l'instance pendant les 21 premiers mois, les civils prendront la
relève pour les 18 mois restants.
L'immunité totale pour les militaires ?
Une nouvelle saluée par le médiateur de l'Union africaine (UA), Mohamed El
Hacen Lebatt. Le Conseil militaire et l'Alliance pour la liberté et le
changement (ALC), fer de lance de la contestation, « ont conclu un accord
très important qui constitue une étape cruciale vers une réconciliation
globale », a-t-il déclaré à l'issue de la signature. En effet, depuis la
destitution d'Omar el-Bechir, le partage du pouvoir soudanais ne se fait pas sans
difficulté. Si l'ALC et le Conseil militaire s'étaient accordés une
première fois le 5 juillet sur le principe, les détails de l'accord avaient jusqu'ici toujours
été repoussés.
Plusieurs points sont d'ailleurs encore à définir. Comme la création d'un Parlement de transition, ainsi qu'une « déclaration constitutionnelle », a fait savoir à l'AFP Ibrahim Al-Amin, un des meneurs de la contestation. Mais le chapitre le plus sensible concerne le statut des membres de l'armée nationale. Car les généraux du Conseil militaire insistent pour que leurs représentants du futur Conseil souverain bénéficient d'une « immunité totale » dans les affaires liées aux violences contre les manifestants.
Selon des médecins liés au mouvement de
contestation, 246 personnes ont été tuées depuis le début des
manifestations, dont 127 lors de la dispersion le 3 juin
d'un sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum. Les autorités, quant à elles,
parlent de 71 morts. Les représentants de la contestation s'opposent
catégoriquement à cette demande des généraux. Ils ont évoqué simplement la
possibilité d'une « immunité temporaire » pour les militaires du
Conseil souverain, limitée au temps de leur mandat dans cette instance de
transition. La reprise des discussions, ce vendredi, tranchera.