Après les attentats à la bombe en Tunisie, le report de la prochaine élection présidentielle est-il possible ?
La capitale tunisienne a été témoin de deux attentats-suicides à la bombe jeudi 27 juin 2019, l'un visant une patrouille de sécurité, et faisant des blessés et des morts dans les rangs des forces de sécurité et des citoyens. Ceci au moment où la Tunisie cherche à redresser le tourisme. Les attentats interviennent à quelques mois de la prochaine élection présidentielle prévue en novembre.
Les analystes politiques tunisiens craignent que ces attaques ne soient exploitées à des fins politiques, ou que les élections ne soient reportées jusqu'à ce que la situation sécuritaire s'améliore.
Le politologue tunisien Mustapha al-Qal'i affirme que l'absence totale de pouvoir exécutif en Tunisie a affecté la stabilité et la sécurité du pays, soulignant que la crise politique a débuté en mai 2018, lorsque le président Kaid Baji Essbissi avait suspendu le document de Carthage en raison de divergences sur le sort du gouvernement, dirigé par Yusuf Al Chahed. Interrogé sur l’impact des attentats sur les élections présidentielles de novembre, al-Qal'i affirme : « Il ya une tendance à reporter les élections. Lors de la réunion annuelle organisée par le mouvement d’Al-Nahdha il y a deux jours, le chef du mouvement, Rashid Ghannouchi, a parlé de tout sauf des élections. Il n’a donné aucune solution aux problèmes actuels ». Le chercheur ajoute que la situation actuelle confirme que la Tunisie s'oriente vers le report, et c’était le cas même avant les attentats. Al-Nahda va certainement tenter d’exploiter ce report, ajoute l’analyste.
Selon l'analyste tunisien, la situation politique est complexe et les attentats dans la capitale vont alourdir les blessures de la Tunisie. « Il existe un accord entre la présidence et Al-Nahda pour reporter les élections, mais ils cherchent un moyen approprié de l'annoncer de manière officielle.
Le chercheur tunisien, Manji al-Khadrawi, affirme-lui que les attentats-suicide à la bombe ont été planifiés depuis quelque temps et exécutés à Charles de Gaulle un lieu symbolisant la reprise touristique en Tunisie. « Les cellules dormantes se préparent à lancer des opérations à tout moment », conclut-il.