Derna recouvre son identité après sa libération
Il y a un an, le commandant de l’armée libyenne Khalifa Haftar annonçait la libération définitive de Derna à l’est de la Libye. Cependant, malgré les pertes énormes subies par les organisations djihadistes à Derna, celles-ci tentent de temps à autre de réaliser des opérations isolées contre les positions de l’armée libyenne, la dernière en date ayant eu lieu au début de ce mois.
Alors que la ville de Derna jouit d’une identité culturelle particulière, la question reste de savoir si elle est devenue prisonnière de la pensée extrémiste.
A cette question, la critique égyptienne Magda Sidhom, qui a vécu longtemps à Derna, répond qu’elle était connue avant la « révolution du 17 février » comme une ville d’art et de littérature ouverte sur les autres cultures, tandis qu’au niveau religieux, elle était dominée par le soufisme. Elle nie ainsi que l’extrémisme soit à la base de la personnalité des habitants, et affirme que ceux-ci sont les premiers à vouloir se débarrasser des séquelles de la pensée extrémiste et revenir à son identité profonde. Les promoteurs de cette pensée voulaient en effet la
répandre pour recruter des jeunes et les encourager à porter les armes, la situation géographique de la ville, entourée de montagnes, fournissant des cachettes et abris pour ces extrémistes.
L’écrivain libyen Salem al-Okly est du même avis, affirmant que cette ville, comme les capitales arabes, a connu une vague salafiste dès les années soixante-dix et quatre-vingts, et que ces groupes présentaient l’extrémisme religieux comme un moyen de faire face à l’expansion chiite, d’une part, et communiste, d’autre part.
Concernant l’état actuel de la ville, il affirme qu’il est meilleur qu’avant, mais qu’il faudra un certain temps avant d’en chasser définitivement les extrémistes et leurs cellules.