Publié par CEMO Centre - Paris
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Comment le président Macron entend mettre les diasporas au cœur de la relation Afrique-France

vendredi 12/juillet/2019 - 12:47
La Reference
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Sur une idée du Conseil présidentiel pour l'Afrique, mis en place par le président Macron au début de son quinquennat, cette rencontre avec les diasporas africaines binationales, Français avec une ascendance africaine, a rassemblé plus de 300 personnes, étudiants, entrepreneurs, journalistes, tous concernés par le futur des relations franco-africaines. Et comme à Ouagadougou, en 2017, le discours du président Emmanuel Macron était très attendu.

« Parler d'Afrique aux Français »

« Les diasporas ont un rôle important. Elles sont nos meilleurs ambassadeurs pour dire comment la France peut mieux travailler avec l'Afrique », a, d'emblée, présenté le chef de l'État français. En effet, l'urgence est là. Le président français sait, tout comme les décideurs présents, que l'image de la France en Afrique n'est pas très bonne. Malgré l'annonce fort symbolique sur les restitutions « temporaires ou définitives » des œuvres d'art africaines, ou sur l'augmentation de l'aide publique au développement, la plupart des annonces, comme l'octroi de visa longue durée pour les étudiants africains diplômés en France ou encore l'augmentation des frais universitaires pour les élèves étrangers, n'ont pas remporté les suffrages auprès des diasporas. D'autant plus qu'avec les dernières élections et la montée du Rassemblement national, des thèmes de l'immigration dans le débat national ne sont pas de nature à restaurer la confiance.

Les diasporas africaines « n'ont jamais été valorisées comme telles »

Paris estime que, si les Africains comprennent bien les nouvelles relations, qui se veulent plus égalitaires, qu'Emmanuel Macron veut instaurer entre la France et l'Afrique, les Français n'ont pas encore perçu ses intentions, faute d'une prise de parole en France. Par exemple, la politique de restitutions d'œuvres africaines a eu un énorme retentissement en Afrique, beaucoup moins en France, explique l'Élysée. Les diasporas africaines « n'ont jamais été valorisées comme telles », note l'Élysée, qui espère voir émerger d'autres visages pour les représenter, bien au-delà des clichés du sport ou de la musique. Pour celui qui va bientôt rendre son tablier de coordonnateur du Conseil présidentiel pour l'Afrique et qui vient d'être nommé ambassadeur de France en Ouganda, le Franco-Béninois Jules-Armand Aniambossou, « l'idée est de parler de l'Afrique aux Français ». Et quoi de plus concret que des exemples de personnalités, comme Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, d'origine sénégalaise, longuement applaudie par la salle et citée en exemple par le chef de l'État. Attaquée de toutes parts lors de sa nomination, la jeune femme a tenu à être présente pour cet événement, lors duquel plusieurs questions ont été posées autour de la représentation et de la place des personnes issues de ces diasporas au sein des médias, de l'armée, l'administration, etc.

Déficit d'image dans les affaires

De l'autre côté, « la France souffre d'un déficit d'image auprès des leaders d'opinion africains », a révélé une enquête du Cian, le Conseil français des investisseurs en Afrique, parue en février 2019. Pour Étienne Giros, le président délégué de cette organisation, « la France devrait sans doute mieux valoriser son partenariat avec le continent et s'appuyer davantage sur ses diasporas africaines, un atout dont elle ne tire pas suffisamment parti ».

Un difficile exercice d'équilibriste pour Emmanuel Macron qui a choisi comme témoin de cet événement aux allures de « grand débat africain », le président ghanéen Nana Akufo-Addo – loin du précarré français. Cet avocat de formation, francophile et qui a commencé sa carrière en France, lui avait fait forte impression lorsqu'il l'avait reçu à Accra en décembre 2017 par un discours très engagé « Nouvelle Afrique ». Pour aller plus loin, le président du Ghana, devenu une véritable icône du nouveau panafricanisme avec ses 1 million de followers sur Twitter, a décrété l'année 2019 année du retour pour les diasporas ou plus largement les Afro-descendants, pour célébrer le 400e anniversaire de l'arrivée des premiers esclaves africains en Amérique, à Jamestown en Virginie. Son pays a été, du XVIe au XIXe siècle, un point de départ important de la traite. « Les diasporas [...] sont un formidable levier parce qu'elles connaissent les codes, elles ont les accès. Elles sont en quelque sorte nos meilleurs ambassadeurs et la meilleure façon sur le plan culturel, sur le plan économique, sur le plan sportif, sur le plan politique, de dire comment la France et l'Europe peuvent mieux travailler avec l'Afrique et développer ces liens nouveaux », a déclaré le président français, dans un langage libre et assez disruptif. Des mots qui ont fait écho chez les jeunes leaders africains complètement bilingues, prêts à s'éduquer et parfois même à retourner sur le continent. Cette partie de la salle est tout à fait à l'aise dans cette première partie d'échanges avec le président français loin des sentiers battus de l'immigration.

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