Publié par CEMO Centre - Paris
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"Soutien à l'islam et aux musulmans"...    Forum d'alliance entre les terroristes

samedi 07/juillet/2018 - 11:52
La Reference
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Taha Ali Ahmed 



   La scène africaine connaît des alliances et des fusions entre les organisations terroristes, dues aux évolutions sur le terrain, d'une part, ainsi qu'aux différends qui éclatent de temps à autre entre les dirigeants de ces  organisations, d'autre part. 

  La dernière de ces alliances est celle qu'a connue le nord du Mali sous l'intitulé "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans" entre quatre mouvements armés empêtrés dans les conflits que connaît le Nord. 

  L'annonce de la création de ce groupe a été faite à travers une cassette  vidéo diffusée par l'institution médiatétique qui en dépend, le 1er mars 2017, et dans laquelle sont apparus nombre de dirigeants du groupe djihadiste, dont notamment Iyad Ag Ghali Emir d'Ansar Dine, Djamel Okacha du Front du Sahara affilié à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Amadou Koufa Emir du Front de libération du Macina, Hassan El-Ansari du groupe Al-Mourabitoune que dirige Mokhtar Belmokhtar. 

  Dans le communiqué de création de ce groupe, il a été également  indiqué que la fusion des groupes participant à cette alliance est destinée à renforcer et exécuter des opérations typiques dans la zone du Sahel, ce qui signale l'orientation d'Al-Qaïda à élargir son influence dans cette zone afin de renforcer sa capacité à faire face aux pressions qui l'assiègent de toutes parts, à la faiblesse qui le frappe suite à la guerre universelle contre le terrorisme, sans oublier qu'Al-Qaïda veut confirmer sa force vis-à-vis de Daech dont le cercle de ceux qui lui font allégeance ne cesse de s'élargir. 

 La création du groupe de soutien à l'islam et aux musulmans intervient  peu moins d'un mois après que cinq pays du Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Burkina Faso) ont décidé de créer une force conjointe pour lutter contre le terrorisme dans la zone. 

  La création de cette force conjointe a eu lieu parallèlement aux démarches de la France destinées à consolider sa présence à la frontière Mali-Niger après l'augmentation des opérations terroristes dans la zone et dont la dernière est une attaque contre une patrouille militaire qui a fait 15 morts le 24 février 2017. 

  Compte tenu des groupes dont elle est constituée, la nouvelle organisation devient ainsi un nouveau bras fort d'Al-Qaïda au Sahel. En effet, elle a déclaré par le biais de son chef, Iyad Ag Ghali, prêter allégeance à Ayman Al-Zawahiri ainsi qu'à Al-Qaïda au Maghreb Islamique. 

  L'organisation n'a pas tardé à pratiquer ses activités. Deux jours après l'annonce de sa création, elle a lancé une attaque contre l'armée malienne le 5 mars 2017 dont le bilan est de 11 morts et de 5 blessés. Le 29 du même mois, le groupe a revendiqué une autre attaque, le 5 avril il a tué un soldat français. Le 18 du mois suivant, le groupe a eu un affrontement avec l'armée malienne qui a fait 16 morts et 4 captifs, côté groupe terroriste, tandis que du côté de l'armée malienne, on déplore 5 morts et environ 20 blessés. Le 18 juillet de la même année, le groupe a revendiqué une attaque dans la ville de Bamako avec un bilan faisant état de 8 morts dont 4 civils. 

Et bien que le nombre des combattants du groupe soit limité, les renseignements français les estiment à environ 500, sa dangerosité réside dans sa dépendance à Al-Qaïda, ce qui lui confère de la motivation à se déployer à grande échelle et à perpétrer ses opérations hors des frontières du Mali, tel que c'était le cas de l'attaque qu'il a menée contre l'état-major général de l'armée et contre l'ambassade de France à Ouagadougou la capitale du Burkina Faso, le 2 mars 2017, faisant un bilan de 8 morts et 12 blessés graves, selon des rapports officiels.  

 Le groupe a dans une déclaration expliqué que cette attaque était une  réponse à la mort des dizaines de ses éléments au nord du Mali, deux semaines plus tôt. 

 En juillet 2017 le même groupe a pris 6 Occidentaux en otage, et au mois d'octobre suivant, il a diffusé une vidéo montrant 11 militaires de l'armée malienne qu'il dit avoir capturés une année auparavant.

Le 23 février 2018, il a revendiqué une attaque contre deux sites électroniques en Mauritanie. 



    Les défis futurs  



  Malgré la force qui a caractérisé les débuts du groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, l'expérience de fusion de ses composantes ne manque pas d'obstacles dont vient en premier lieu la problématique de répartition de l'influence entre les diverses parties qui le composent.

 Cette coalition d'un certain nombre d'organisations affiliées à Al-Qaïda au Sahel, intervient dans un cadre semblable plutôt à un forum d'alliance entre les terroristes, tel un nouvel épisode, et non le dernier, d'une série d'alliances et de fusions dont font l'objet les organisations terroristes en Afrique, en raison du blocus suffocant que leur impose la communauté internationale, et en raison également de la hausse de l'intensité de la rivalité entre deux courants, l'un des deux soutenant et prêtant allégeance à Daech, tandis que l'autre s'est rangé du côté d'Al-Qaïda, ce qui les affaiblit tous, pour que l'alliance et la fusion restent donc la meilleure stratégie entre eux.

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