Publié par CEMO Centre - Paris
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Coopération - Giyoun Kim : « Collaborer avec l'Afrique, c'est collaborer avec le monde »

dimanche 30/juin/2019 - 08:41
La Reference
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Face à la concurrence des grands voisins chinois et japonais, la Corée du Sud compte sur la Korea-Africa Foundation et sa vice-présidente Giyoun Kim pour renforcer la coopération avec le continent africain.

Afrique ainsi que les échanges entre secteurs privé et public. Créée en juin 2018, il s'agit de la 4e dépendance du ministère coréen des Affaires étrangères, après la Koica (Agence coréenne de coopération internationale) en charge des programmes d'aide, la Korea Foundation, qui se concentre sur les échanges culturels à l'international, et l'Overseas Korea Foundation, qui assiste la diaspora coréenne.

Le gouvernement coréen place de grands espoirs dans cette 4e instance qui doit servir de plateforme coopérative avec tout un continent. « Cette institution est une expérience unique en son genre », souligne Giyoun Kim, la vice-présidente de la Korea-Africa Foundation. « C'est la première agence gouvernementale axée sur des régions précises du globe. Elle reflète la volonté du gouvernement d'accorder plus d'attention à ses relations avec le continent africain et d'investir pour l'avenir.  

                         

Une vision qui se veut à long terme

« À la fondation, nous voulons avoir une approche holistique pour développer cette coopération entre la Corée du Sud et nos pays partenaires », annonce d'emblée la vice-présidente. En ce qui concerne les affaires, une bonne compréhension des pays où l'entreprise exerce ses activités est nécessaire et « nous ne pouvons pas avoir une vision à court terme ». La fondation va donc prendre le temps et se donner les moyens de mener des recherches d'experts et des études sur l'Afrique. Ce type d'approche fait partie de la stratégie diplomatique coréenne. « La Corée a, elle aussi, reçu des aides et aujourd'hui c'est un pays donateur », rappelle Giyoun Kim. « En termes de ressources naturelles, nous étions très pauvres, particulièrement après la guerre de Corée : le pays était dévasté. Économiquement et socialement, nous avons beaucoup accompli. Nous avons fait d'énormes progrès dans les technologies de l'information et de la communication. À travers cette histoire et notre expérience, nous avons développé notre propre vision et notre propre façon d'interagir avec les autres pays. Et cela va aussi se refléter sur la façon dont la fondation va mener ses actions », assure la vice-présidente.

Aujourd'hui, pour promouvoir un véritable partenariat entre la Corée du Sud et les pays africains, la fondation veut dépasser les stéréotypes et rectifier la façon dont le peuple coréen perçoit le continent. Beaucoup ont encore cette image d'une Afrique dépendante de l'aide internationale. « Il est donc difficile pour de nombreux Coréens de penser à l'Afrique comme marché, comme producteur ou encore comme consommateur », explique Giyoun Kim. Ainsi, une partie des efforts de la Korea-Africa Foundation se concentre sur la présentation des perspectives économiques en Afrique auprès des entreprises et des décideurs. Elle organise, par exemple, des séminaires et des forums économiques conjointement avec les missions diplomatiques africaines.



Focus sur la jeunesse et l'entrepreneuriat

Lors de l'inauguration de la fondation, la ministre coréenne des Affaires étrangères avait souligné l'intérêt croissant des Coréens – notamment les jeunes – pour l'Afrique. Il y a deux mois, Giyoun Kim participait à une réunion avec des start-up actives dans certains pays d'Afrique, où l'un des participants a fait remarquer : « Vous savez , l'Afrique, c'est le monde, l'Afrique elle-même est globale, ce qui veut dire que, si vous avez des opérations commerciales en Afrique, vous travaillez déjà à un niveau global.  » « C'est le but que nous poursuivons, appuie Giyoun Kim. L'Afrique est un continent très diversifié, alors, si notre jeunesse travaille avec l'Afrique, ça veut dire qu'elle travaille avec le monde.  »

La fondation mise donc beaucoup sur la jeunesse et sa capacité à entreprendre. Plusieurs projets ont été lancés dans ce sens, à l'instar de l'African Students Community Meeting, qui s'est tenu en novembre dernier à Séoul. « En Corée du Sud, nous avons près de 2 800 étudiants africains. Beaucoup de gens sont surpris de l'apprendre parce qu'il est rare de les rencontrer. Donc, dans un premier temps, nous avons pensé qu'il était important de créer une plateforme et un espace où ces étudiants pouvaient échanger. Beaucoup d'entre eux sont isolés parce qu'ils étudient en dehors de Séoul.  »

L'African Students Community Meeting, un lieu pour comprendre 

Cet événement a permis à la fondation de recueillir l'avis de ces jeunes sur la façon dont la Corée pourrait développer ses relations avec l'Afrique et sur les moyens de coopération avec le continent. « Nous avons tourné des clips de leurs témoignages pendant cette rencontre qui ont été diffusés en décembre, lors du Korea-Africa Youth Forum, pour partager leur voix », précise la vice-présidente. Ce forum, dont le thème était « Entrepreneurs for innovative Partnership », avait plusieurs objectifs : présenter l'Afrique comme un nouveau marché, encourager les jeunes à créer des start-up, et intensifier les échanges entre la jeunesse coréenne et africaine. Le Korea-Africa Youth forum devrait d'ailleurs devenir « un rendez-vous annuel ».



Cette année, la Korea-Africa Foundation a trouvé un nouveau moyen d'« amener les étudiants coréens à s'intéresser à l'Afrique » en lançant le Start-up contest ideas. Ce concours invite les étudiants à proposer un projet de création de start-up lié à l'Afrique. Les étudiants coréens et africains sont fortement encouragés à s'associer : s'ils le font, ils obtiennent des points supplémentaires. Les équipes gagnantes recevront une formation à l'entrepreneuriat et des conseils d'experts, en plus d'une dotation financière. La Korea-Africa Foundation n'a qu'un an d'existence et elle se trouve toujours dans une phase de conception et d'ajustement. Malgré l'ampleur des enjeux, Giyoun Kim garde un certain optimisme. L'explication : elle croit beaucoup dans la jeunesse africaine, ce que renforce l'énergie que lui renvoie la personne qui travaille sous ses ordres à la fondation : jeune avec du potentiel à revendre face aux grands challenges qui les attendent. 

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