Publié par CEMO Centre - Paris
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Le terrorisme en Asie centrale… Les motifs et les parcours

vendredi 06/juillet/2018 - 02:54
La Reference
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Mohammad Ruchdy

 

Le phénomène du terrorisme représente l’un des problèmes les plus graves que doit affronter l’Asie Centrale, qui comprend les républiques de l’ex-Union soviétique (Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Tadjikistan), au vu de la présence de l’organisation al-Qaïda en Afghanistan, dont les frontières avec ces pays s’étendent sur plus de 1000 miles (1600 kms environ), et de l’aggravation du danger du terrorisme en Asie Centrale suite à l’augmentation du nombre de ses citoyens dans les rangs de Daech en Syrie et en Irak.

Le mouvement de l’opposition islamiste a une longue histoire de luttes dans cette région, qui remonte à la période de la Russie tsariste (1721-1917).

Et après la Première guerre mondiale, les mouvements de résistance à la progression des forces de l’Union soviétique en Asie Centrale, suite à la Révolution bolchévique de 1917, se sont renforcés, et l’apparition de l’organisation Daech a constitué l’étape suivante du radicalisme dans la région.

 

Les racines du mouvement radical en Asie Centrale

Après l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique en 1979, l’opposition politique islamiste dans la région est passée de la résistance à l’occupation soviétique à la formation de groupes radicaux après s’être rattachée à l’organisation al-Qaïda, qui ouvrit la voie au djihad aux quatre coins du monde, et c’est ainsi que de nombreux combattants d’Asie Centrale rejoignirent l’organisation pour combattre les forces soviétiques.

Après le retrait soviétique en 1989, suivi de l’effondrement de l’Union soviétique, la formation de brigades islamistes pour combattre les forces soviétiques d’occupation de l’Afghanistan encouragea les combattants d’Asie Centrale à revenir sur la scène en reproduisant le modèle du djihad afghan à l’intérieur de leurs pays.

 

Le concept de djihad chez les groupes islamistes

Dans tous les pays d’Asie centrale, le danger du terrorisme est lié à un groupe de mouvements islamistes qui ont des visions de l’islam contradictoires et des explications différentes du concept de djihad et du lien entre islam et modernité. Ainsi, certains groupes islamistes voient le djihad d’un point de vue purement militaire, et la violence comme un moyen légitime d’influencer la politique.

Les islamistes considèrent ainsi qu’il est nécessaire de revenir à l’époque du Prophète, car ils pensent que c’est seulement à cette époque que l’islam existait véritablement, et que c’est la dégradation de la religion, des mœurs et de la politique qui est à l’origine de l’éloignement de l’application de la loi islamique et du modèle de société existant à l’époque du Prophète. C’est pourquoi, selon eux, il faut revenir à l’islamisation des sociétés, et créer des Etats d’Asie Centrale islamistes.

 

Les groupes extrémistes les plus connus

Le Groupe Adolat ou mouvement de « la Justice » est l’un des premiers mouvements radicaux. Il est apparu dans la république d’Ouzbékistan, dans une région surpeuplée connue sous le nom de « Vallée de Farghana », et partagée, d’un point de vue politique, entre l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan, et qui est devenue un foyer fertile pour les courants extrémistes en Asie Centrale.

 

Motifs de la naissance des organisations islamistes

Les mouvements radicaux en Asie Centrale sont apparus pour diverses raisons qui ont fourni un environnement favorable à la montée des mouvements islamistes extrémistes, et alimenté l’action djihadiste contre les régimes politiques. Citons parmi elles :

-       La proximité géographique de Kaboul, lieu de naissance de l’organisation al-Qaïda, et la participation de nombre de citoyens des pays d’Asie centrale aux opérations terroristes exécutées par al-Qaïda contre l’occupation soviétique, ce qui eut pour conséquence qu’un nombre non négligeable de combattants expérimentés rentrèrent dans leurs pays d’origine avec un programme contraire aux intérêts russes dans ces pays, et la volonté d’appliquer un modèle islamique antagoniste du courant laïc dominant le pouvoir.

-       Le vide idéologique islamique qui suivit l’effondrement de l’idéologie communiste, poussa les gens à s’intéresser à leur patrimoine spirituel et religieux, à un moment où la détérioration de la situation sociale et économique et les politiques de plus en plus répressives des régimes en place alimentèrent l’extrémisme religieux.

-       Les opinions critiquant les régimes politiques en considérant que le retour aux premiers siècles de l’islam était la seule solution pour sortir des crises économiques, et appelant à l’islamisation des sociétés.

Daech en Asie Centrale

Après l’apparition de l’organisation Daech en Syrie et en Irak, les organisations terroristes en Afghanistan et au Pakistan ont commencé à prêter allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’organisation, et cette dernière a été soucieuse de recruter ses combattants partout dans le monde et en particulier dans l’Asie centrale proche, et de fait, l’organisation attira nombre de volontaires pour le combat en Syrie et en Irak.

Et aujourd’hui, après la défaite de Daech en Syrie et en Irak, les craintes se focalisent surtout sur le retour des combattants d’Asie Centrale dans leurs pays d’origine, pour élargir les opérations terroristes contre les gouvernements locaux. Et Daech a intensifié l’inquiétude de ces pays après sa proclamation de ce qu’elle a appelé « Wilaya du Khorassan » en 2015, qui a prêté allégeance au chef de l’organisation Abou Bakr al-Baghdadi.

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