Nucléaire iranien: peu de progrès après une réunion de crise, Trump joue l'apaisement
L'Iran a noté vendredi "certains progrès", mais "insuffisants", après une réunion de crise avec les grandes puissances à Vienne sur le délitement de l'accord sur le nucléaire iranien, tandis que Donald Trump jugeait que "rien ne presse" pour résoudre les tensions.
"Il y a eu certains progrès" pour aider l'Iran à surmonter l'effet du rétablissement des sanctions américaines, "mais ce n'est toujours pas suffisant", a estimé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, à l'issue d'une réunion avec les Etats encore partie à l'accord (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie).
Etranglé par les sanctions américaines, Téhéran exige de pouvoir continuer à exporter son pétrole pour rester lié par l'accord nucléaire de 2015, fragilisé par le retrait unilatéral de Washington en mai 2018.
Après la réunion, la Chine a assuré qu'elle continuerait à importer du pétrole iranien malgré les pressions américaines, rejetant "l'imposition unilatérale de sanctions".
M. Araghchi et la représentante diplomatique de l'UE, Helga Schmid, ont précisé que le mécanisme européen destiné à aider l'Iran à contourner les sanctions américaines, Instex, était désormais "opérationnel". "Mais pour qu'Instex soit utile à l'Iran, il faut que les Européens achètent du pétrole iranien", a prévenu M. Araghchi.
En attendant, l'Iran poursuivra son processus de désengagement graduel de l'accord nucléaire, "tant que nos demandes ne seront pas satisfaites", a souligné le diplomate.
"Nous avons le temps. Rien ne presse, ils peuvent prendre leur temps", avait dit plus tôt dans la journée le président américain au sommet du G20 d'Osaka au Japon.
Ces propos apaisants tranchent avec ses déclarations choc de mercredi, lorsqu'il parlait de "guerre" avec l'Iran, qui a répliqué jeudi en fustigeant l'"illusion" d'une "guerre courte".
La crise entre les Etats-Unis et l'Iran sera discutée au sommet du G20 qui s'est ouvert vendredi au Japon.
- "Ennemi principal" -
La crise au long cours qui caractérise depuis 40 ans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran connaît depuis environ deux mois un nouvel accès de fièvre, sur fond d'incidents militaires dans la région du Golfe et d'inquiétudes pour la survie de l'accord nucléaire.
Un nouveau pic a été atteint lorsque l'Iran a abattu un drone américain, le 20 juin, après une série d'attaques d'origine inconnue contre des tankers attribuées par Washington à Téhéran, qui a démenti.
Dans ces circonstances faisant craindre un embrasement, M. Trump avait évoqué mercredi la possibilité d'une guerre courte contre Téhéran: "Nous sommes dans une position très forte, et ça ne durerait pas très longtemps, je peux vous le dire. Et je ne parle pas de troupes au sol".
L'idée d'une ""guerre courte" avec l'Iran est une illusion", a réagi le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. La veille, le président iranien Hassan Rohani avait déclaré ne chercher la guerre "avec aucun pays", pas même les Etats-Unis.