La sécurité supra-conventionnelle
Ahmed Kamel Al Beheiry
Dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale au milieu des années quarante du XXe siècle, des études sécuritaires se sont cristallisées comme étant un domaine scientifique indépendant tant dans les études que dans les recherches, sur le plan de la recherche que sur celui de l'application, conjointement avec l'émergence de l’expression de la guerre froide entre les États-Unis et l'Union soviétique. Cela a lieu du fait que la guerre se reflète sur l'état de la stabilité et la sécurité mondiales en raison de la formation des axes et alliances, notamment l'axe Est et l’axe Ouest. Cet environnement de sécurité instable a poussé les penseurs et les chercheurs spécialisés dans les études de sécurité à l'utilisation de l’expression « sécurité conventionnelle » basée sur l'étude des domaines de l'armement (conventionnel et nucléaire). Et ce à côté des modèles et des formes de guerres.
A l’apparition des signes précurseurs de l’effondrement de l’Union soviétique au milieu des années 1980, de nouvelles écoles de pensée ont semblé cristalliser des approches, des concepts et des visions intellectuelles qui ont contribué à approfondir le champ des études de sécurité telles que les écoles de Copenhague, Aberystwyth/Paris.
Avec la multiplicité et la diversité des crises dans le monde, de nouvelles sources de menace naissent : à l’instar de la sécurité humaine, la sécurité de l'eau, du crime organisé, etc.), ce qui est entré sous le concept de « sécurité non conventionnelle ». Celui-ci s’est élargi au cours des trente dernières années pour inclure les nouvelles menaces de sécurité, tels les crimes électroniques, le climat, les épidémies, les groupes terroristes, les milices armées, la traite des êtres humains, l'immigration clandestine, etc. Ce qui a fait que le concept de sécurité nationale s’est grandement élargi en englobant des éléments militaires et politiques, économiques, sociaux et culturels, etc. Et avec la complexité des sources de menaces dans le monde au cours des quatre dernières années, caractérisée par un chevauchement important entre les menaces sécuritaires conventionnelles et la sécurité non conventionnelle, ainsi que l'entrelacement des menaces internes avec les menaces externes, cela a fait peser la menace de sécurité sur tous les éléments et la structure de l'État, qu'il s'agisse du territoire, de la population ou du système de gouvernance. Cela a incité certains penseurs et chercheurs dans le domaine des études de sécurité à parler d'un nouveau concept intitulé « sécurité supra-conventionnelle ». Ce nouveau concept sécuritaire a émergé en 2017 et a été travaillé par de nombreux pays occidentaux. Le but de ce concept est d'examiner les politiques générales des menaces futures résultant de la multiplicité des sources de menaces traditionnelles et non traditionnelles d'une part et leur chevauchement d'autre part, en vue d'atteindre plusieurs objectifs, notamment:
1. Cibler les points faibles de l’adversaire à travers une recherche historique, en fonction des étapes de la transformation historique de l’Etat adverse non seulement sur les questions politiques, économiques et sociales, mais aussi sur les causes des révolutions et les grèves passées. L’étude concerne également le système législatif (lois, règlements et décisions), la structure juridique sur laquelle s’appuie ledit Etat pour la formulation des lois et la détermination des caractéristiques générales internes du système politique de gouvernance, ses piliers et ses composantes, sans oublier l'identification des ailes en conflit au niveau de la centrale ou à l’échelle inférieure. A cela s’ajoutent les études historiques relatives aux relations étrangères du pays et la détermination des étapes transitoires dans le modèle des alliances et des rivalités avec les pays voisins dans le cadre géographique et international.
2. Etudier le cadre géostratégique de l’adversaire en termes d'étude de la localisation stratégique de l'Etat dans la région environnante, les lieux et les corridors de contrôle, ainsi que l'impact de la localisation de cet Etat sur la paix et la guerre avec les pays voisins ou les pays régionaux et internationaux.
3. Etudier et gérer la polarisation et la division au sein de la société et de l'environnement de l'adversaire.
4. Etudier et identifier les sources de faiblesse technologique de l’adversaire tant au niveau de l'infrastructure ou au niveau industriel, de la recherche scientifique et des communications.
5. Connaitre et analyser les différends idéologiques et leurs causes au sein du système adverse.
En matière du concept de sécurité supra-conventionnelle, les spécialistes et les chercheurs ont déterminé plusieurs modèles traditionnels de sources de menaces relatives à la recherche et l'analyse de la « sécurité hybride ». Il s’agit notamment de :
1. Étudier les outils et les méthodes qui influencent l'information, que ce soit l'opinion publique ou l'information non divulguée en termes de sources de collecte, de suivi et d'analyse ;
2. Suivre et analyser les causes de la faiblesse logistique dans les secteurs sensibles de l'Etat tels que le secteur de l'énergie ou les biens stratégiques ;
3. Etudier les méthodes d'extorsion financière, économique et commerciale de l'Etat par des particuliers, des entreprises ou des pays ;
4. Avoir des informations sur les menaces de nouvelles organisations terroristes, leurs nouvelles formes et caractéristiques, leurs prémisses intellectuelles et idéologiques ainsi que les outils qui peuvent les aider à les développer.
En identifiant, étudiant, analysant et recherchant les sources de menaces, les spécialistes ont identifié trois mécanismes d'action centraux basés sur le concept de sécurité supra-conventionnelle de la manière suivante:
1. Prédire les actions possibles et multiples ainsi que la qualité des sources de menaces, leurs piliers et composants hybrides.
2. Déterminer les éléments fixes et variables dans la menace hybride, et par conséquent séparer l'élément actif ou l'élément d'activation pour étudier ses composantes et ses caractéristiques et analyser les niveaux d'impact prévisibles.
3. Identifier et formuler des réactions résultantes des actions prévisibles, et les menaces potentielles, en développant les capacités analytiques pour développer les capacités analytiques des services de sécurité et de renseignement pour déterminer les sources de dangers et de menaces à différents niveaux. A cela le besoin d’améliorer l'auto-évaluation des sources de déséquilibres et de faiblesses du système de sécurité existant, dans le but d’atteindre le plus haut degré d'efficacité et de flexibilité, et de réduire les taux d'erreur humaine au cours du processus d'analyse de l'information et la mise en place de mécanismes de confrontation.
En définitive, le domaine des études de sécurité est devenu l'un des domaines de recherche et d'étude les plus importants en raison de la prolifération des menaces et risques traditionnels et non traditionnels dans les conflits actuels, que ce soit dans les pays de la région ou dans les pays du monde. Cela a accéléré, ensuite, la fréquence de la recherche et l'analyse des phénomènes et des concepts de sécurité, ainsi en permettant de faire émerger de nouveaux concepts telle la sécurité supra conventionnelle "hybride". Ce fait a permis aux chercheurs du domaine d'étudier les éléments des nouvelles menaces de sécurité et de déterminer les caractéristiques le niveau de gravité de chaque menace. Cela va aider les cercles de décision à confronter certains problèmes dangereux qui atteignent le niveau de menace directe à la structure de l'État.