« La France doit rapatrier ses ressortissants en Irak pour rendre justice aux Yézidis »
Le rôle des Français qui ont rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique dans les crimes commis contre la minorité de la région du Sinjar doit être établi par la justice française. Cet élément trop souvent oublié dans le débat, estime l’avocate Natia Navrouzov, dans une tribune au « Monde ».
« Il est impossible que les
onze Français condamnés à mort aient pu ignorer le sort horrible réservé par
leur groupe à cette communauté depuis août 2014 »(Photo:
manifestation, en majorité de femmes, de soutien aux yézidis et aux chrétiens
d’Irak à Paris, le 13 août 2014). BERTRAND GUAY / AFP
Tribune. Après la condamnation
à la peine de mort de onze ressortissants français pour leur appartenance à
l’organisation Etat islamique (EI) par la cour pénale d’Al-Karkh à Bagdad en
mai, la France se déchire sur la question de leur rapatriement.
Une grande
partie de l’opinion publique y est hostile, hantée par les attentats qui ont
frappé le pays ces dernières années. Le gouvernement semble s’y plier et
s’embourbe dans une position non tenable : il ne montre aucune volonté de
rapatrier ses ressortissants mais ne souhaite pas leur voir appliquer la peine
de mort dans un pays qui l’applique pourtant.
En effet, la
peine de mort n’est pas la seule raison pour laquelle ces Français doivent être
rapatriés et jugés en France : il faut également rendre justice aux
victimes de l’EI en Irak et en Syrie, et plus particulièrement aux victimes
yézidies du Sinjar.
Un débat inexistant
L’EI a envahi
la région du Sinjar le 3 août 2014 et attaqué la minorité des
Yézidis, un groupe ethno-religieux qu’il a qualifié d’infidèle. En quelques
jours, 1 293 Yézidis, majoritairement des hommes, ont été massacrés et
6 417 femmes et enfants ont été enlevés. Suivant un plan méticuleux, l’EI
a soumis ces femmes à l’esclavage sexuel et a envoyé les enfants dans des camps
d’entraînement. Leurs maisons, temples et autres lieux de culte ont été
détruits.