Soudan : l’opposition lance "la troisième vague" de la révolution
En dépit des difficultés à accéder à
internet, le mouvement de contestation soudanais a réussi à faire circuler un
appel à une reprise des manifestations nocturnes dans la capitale et partout
ailleurs dans le pays, à partir du mardi 18 juin 2019.
Objectif :
un pouvoir civil de transition
Sans qu’il s’agisse de revenir à la
désobéissance civile,
l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance du mouvement
travaille à remobiliser la population jusqu’à satisfaction des revendications
du mouvement : un pouvoir civil de transition et la condamnation
du massacre du 3 juin. Date de la dispersion, par tirs à balles réelles et
arrestations, du sit-in qui se tenait à Khartoum depuis le 6 avril devant le QG
de l’armée. Une
opération qui a fait
au moins 128 morts et des centaines de blessés selon des témoins et des sources
médicales.
Dans son communiqué, l’ALC
évoque un programme de "travail
populaire et d’escalade révolutionnaire" et un calendrier de manifestations nocturnes
et de réunions pour toute la semaine.
(Calendrier de l'escalade révolutionnaire publié sur le compte Facebook de
l'Association des professionnels soudanais.)
Une mobilisation qui devrait
culminer le jeudi 20 juin lors d'une protestation des professions libérales,
des fonctionnaires, des artisans et des ouvriers dans la capitale et en
province pour condamner "le
massacre du QG" et
pour un retour à "la
ligne bleue".
L’appel prévoit également la
signature par les organisations professionnelles et civiles et par les simples
individus d’un "livre
de présence révolutionnaire, pour s'engager dans la poursuite de la lutte, de
l'organisation et de l'action révolutionnaire pour atteindre l'autorité civile
de transition."
Pour Noureddine Babakr, un des
dirigeants de l’ALC cité
par RFI, le Conseil
militaire doit avant toute chose libérer les détenus et accepter la formation
d’un comité d’enquête international sur le massacre du 3 juin. "Chaque membre du Conseil militaire fait
des déclarations selon ses propres intérêts. Les déclarations sont
contradictoires, surtout en ce qui concerne le massacre. Cela ne peut que
compliquer les discussions", a-t-il estimé.
Les
habitants des quartiers est et sud de Khartoum ont précédé l'appel
De son côté, l’Association
des professionnels soudanais, tête pensante de la contestation, a révélé sur sa page facebook, vidéo à
l’appui, qu’un certain nombre de quartiers de Khartoum avaient déjà pris de
l’avance sur le calendrier.
Les habitants sont déjà
descendus dans les rues les nuits précédentes jusqu’au petit matin, lançant ce
que le mouvement qualifie de "troisième
vague" de la
révolution soudanaise. "La
marche de votre révolution victorieuse dans les villes, villages et campagnes
s’organise à nouveau, réaffirmant notre engagement auprès de nos chers martyrs
qui ont méprisé la mort et qui vivent désormais éternellement en nous", affirme le communiqué de l’ALC.
"La révolution est flux et reflux, nous
nous relevons maintenant pour triompher par notre pacifisme à nouveau. Nous
accomplirons indéfectiblement notre tâche pour atteindre notre objectif civil,
et il n’est pas loi", a encore martelé le communiqué.