Publié par CEMO Centre - Paris
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Au Soudan, la contestation meurtrie

mardi 18/juin/2019 - 06:20
La Reference
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« Il a placé le viseur de sa kalash sur mon crâne. J’ai commencé à sangloter. "Tu as peur de mourir ?", m’a-t-il demandé. "Non". Il a tourné le fusil vers l’homme agenouillé à mes côtés et l’a tué d’une balle dans la tête… » Mahmoud* a le bras recouvert de cicatrices, et il peine encore à marcher après les violences qu’il a subies à l’aurore du 3 juin dernier. Mais surtout, il a le cœur meurtri.Le jeune activiste, assis au sous-sol de la maison d’un ami de confiance, témoigne, face caméra, de ce qu’il a vécu ce matin-là, quand les forces armées soudanaises ont dispersé des milliers de civils désarmés à coups de tirs de kalachnikov, de mitrailleuse Douchka, de coups de fouets et de viols, entre autres atrocités.Le comité des médecins soudanais, proches des manifestants, a documenté jusqu’à présent 118 décès, 70 cas de viols et plus de 400 blessés. Mais deux semaines après cette journée macabre, beaucoup de Soudanais déplorent encore la disparition d’un proche.Le black-out d’Internet, commencé huit heures après le début des tueries, rend la diffusion des vidéos du massacre et le partage des témoignages de première main aussi ardu que nécessaire. Car à Khartoum, les journées de liesse qui ont suivi le renversement du dictateur Omar el-Béchir le 11 avril dernier se sont évanouies sous une chape de plomb, de peur et de propagande.


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