Appel du Conseil de l'Europe à suspendre la coopération avec les garde-côtes libyens
La commissaire aux droits de l'homme du
Conseil de l'Europe a appelé ce mardi les pays européens à suspendre leur
coopération avec les garde-côtes libyens tant que des garanties claires sur le
respect des droits humains dans le pays ne seraient pas apportées. «Les Etats
membres [du Conseil de l'Europe] doivent de toute urgence réexaminer leurs
activités et pratiques de coopération avec les garde-côtes libyens (...) et
identifier celles qui entraînent, directement ou indirectement, le retour de
personnes interceptées en mer en Libye ou d'autres violations des droits humains. Ces activités
doivent être suspendues jusqu'à ce que des garanties claires de respect total
des droits humains soient apportées», écrit la Croate Dunja Mijatovic dans un
rapport rendu public ce mardi.
«Les
personnes récupérées par les garde-côtes libyens sont ramenées en Libye et sont
systématiquement placées en détention et en conséquence soumises à la torture,
à des violences sexuelles, à des extorsions et à d'autres graves violations des
droits humains», déplore-t-elle. Aucune donnée officielle n'est disponible sur
le nombre de migrants, souvent clandestins, présents en Libye, pays de
destination et de transit vers les côtes européennes pour des milliers
d'Africains, mais il est estimé à plusieurs centaines de milliers.
Grâce à des accords controversés puis à la
décision de Rome de fermer ses ports aux navires ayant secouru des migrants en
mer, l'Italie a vu le nombre d'arrivées sur ses côtes chuter drastiquement à
partir de mi-2017. Les agences de l'ONU et organisations humanitaires
rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer
soient ramenés en Libye, pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar
Kadhafi en 2011, et où ils se retrouvent placés en détention arbitraire ou à la
merci de milices.