Alors que le régime syrien et son allié russe bombardent
la région en Syrie, Brita Hagi Hassan, ex-maire d’Alep, lance un appel à l’aide
aux responsables politiques et humanitaires afin que cesse le massacre.
Monsieur le Président, mesdames et messieurs les
représentants des peuples du monde libre, mesdames et messieurs les
représentants des organisations de la société civile, mesdames et messieurs les
responsables des médias, les penseurs et leaders d’opinion soucieux des causes
justes.
Plus de huit ans ont passé, dans le silence assourdissant de la communauté
internationale, depuis le début de la tuerie organisée par le régime d’Assad en
Syrie, en réponse au soulèvement du peuple syrien pour la liberté, la dignité
et les droits les plus élémentaires. Pourtant, les exactions criminelles de
plus en plus féroces du régime d’Assad, de ses alliés russes et iraniens et de
leurs milices sectaires contre la population syrienne, ont été largement
documentées dans de nombreux rapports d’organismes internationaux reposant sur
des sources d’information particulièrement fiables.
Aujourd’hui, les Syriens sont les victimes d’innombrables crimes contre
l’humanité et crimes de guerre. Réfugiés dans leur propre pays, ils subissent
encore des bombardements barbares, des disparitions forcées dans les geôles du
régime et la mort sous la torture dans leurs sous-sols obscurs. Ces crimes, les
plus brutaux et les plus laids de notre histoire moderne et contemporaine,
équivalent aujourd’hui à un véritable génocide.
En dépit des atrocités et des brutalités subies, ces Syriens gardent leurs
aspirations à la liberté et à la dignité. Mais ils tiennent également à une
solution politique fondée en priorité sur l’application de la loi internationale,
capable de garantir l’exécution des résolutions de l’ONU et de faire en sorte
que les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité répondent de
leurs actes devant la justice.
Je fais ici appel à toutes les institutions concernées pour qu’elles
assument leurs responsabilités face à la tragédie exceptionnelle que vit le
peuple syrien. Je fais également appel à elles pour qu’elles jouent un rôle à
la mesure de la responsabilité historique, morale et juridique que leur impose
cette tragédie. Elles doivent ainsi mettre en œuvre le principe de «la
responsabilité de protéger» tel qu’il a été entériné par le Sommet mondial de
2005 des chefs d’Etats et de gouvernements. Cet objectif pourrait être réalisé
en appliquant les principes suivants :
1. Une résolution contraignante du Conseil de sécurité devrait placer les
prisons et les centres de détention syriens sous le contrôle de l’ONU et
veiller au respect de cette obligation par le régime syrien. Les organisations
internationales et humanitaires ainsi que les commissions de défense des droits
de l’homme devraient être en mesure d’être informées et d’informer à tout
moment sur les conditions de détention des détenus. Des mesures sérieuses et
immédiates devraient contraindre le régime d’Assad à appliquer les clauses
12,13,14 de la résolution du Conseil de sécurité n° 2254 de 2015, à
procéder à la libération des détenus et à révéler le sort des victimes des
disparitions forcées.
2. Une intervention directe devrait être lancée pour sauver les civils de la
région d’Idlib, conformément au principe de la responsabilité de protéger et
pour empêcher le régime de continuer à bombarder et à détruire les habitations
et les infrastructures, et à commettre des massacres, des crimes contre
l’humanité et des crimes de guerre contre les civils.
3. Le parachutage de tentes, de couvertures, de denrées alimentaires et
l’apport de toute aide essentielle à la survie dans les zones assiégées et
sinistrées.
4. La réactivation des efforts entrepris pour aboutir à une solution politique
à Genève, du fait qu’il a été prouvé que la voie tracée par Astana n’a conduit
qu’à davantage de crimes de guerre commis par le régime et ses alliés russes et
iraniens. Cette solution politique doit obligatoirement mener à une transition
sans le régime d’Assad.
5. Le placement de la Syrie sous administration internationale
intérimaire en adoptant une résolution contraignante du Conseil de sécurité en
vertu du chapitre VII.
6. L’activation de la justice pour mettre fin à l’impunité pour les
crimes commis par le régime d’Assad et ses alliés, en particulier pour
l’utilisation d’armes chimiques et de barils d’explosifs, ceci conformément aux
résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
7. La mise en place d’une protection juridique pour les réfugiés
syriens, conformément à la Charte des Nations Unies et à la Convention de
Genève de 1951 relative aux réfugiés, et l’empêchement de leur retour
forcé en Syrie, tant que de graves risques pour leur vie et pour leurs libertés
fondamentales subsistent.