Attaques dans le golfe d’Oman: les États-Unis et l’Iran s’accusent mutuellement
Washington a publié une vidéo montrant,
selon elle, des Gardiens de la Révolution retirant une mine-ventouse qui
n’aurait pas explosé sur une paroi d’un des deux pétroliers attaqués jeudi dans
le golfe d’Oman. Téhéran accuse de son côté les États-Unis de «sabotage
diplomatique».
Accusations
mutuelles au cœur d’une zone stratégique. Les États-Unis ont accusé jeudi
l’Iran d’être responsable des attaques contre deux pétroliers dans le golfe d’Oman, près du détroit d’Ormuz, laissant craindre une nouvelle
confrontation entre Washington et Téhéran, qui a rejeté les accusations
américaines.
L’armée
américaine a diffusé dans la soirée une vidéo montrant, selon elle, une patrouille des Gardiens de la
Révolution islamique (GRI), le corps d’élite de l’armée iranienne, retirant une
mine-ventouse qui n’avait pas explosé sur une paroi de l’un des deux tankers
attaqués. Il est rare que de tels documents soient déclassifiés, ce qui tend à
montrer la détermination des États-Unis à convaincre la communauté
internationale de la responsabilité de l’Iran. «L’Iran a fait ceci. On voit le
bateau, avec une mine qui n’a pas explosé et c’est signé par l’Iran», a déclaré
le président américain Donald Trump sur Fox News, ajoutant qu’il ne croyait pas
que Téhéran fermerait le détroit stratégique d’Ormouz. «Cette conclusion
s’appuie sur des renseignements, sur les armes utilisées, sur le niveau de
savoir-faire nécessaire pour mener à bien l’opération, sur les attaques iraniennes analogues et récentes contre la
marine marchande et
sur le fait qu’aucune organisation à la solde d’une puissance, dans la région,
ne dispose des ressources et de l’efficacité requises pour passer à l’acte avec
un tel degré de complexité», a précisé le chef du département d’État américain,
Mike Pompeo, à la presse.
L’Iran
souhaite un rapprochement avec Moscou
L’Iran
a vivement réagi à ces accusations, le président Rohani qualifiant les États-Unis de «grave
menace à la stabilité» régionale et mondiale. «Ces deux dernières années, le gouvernement [américain]
fait preuve d’une approche agressive et représente une grave menace à la
stabilité dans la région et dans le monde, en violant toutes les règles
internationales», a-t-il déclaré lors d’une réunion de l’Organisation de
coopération de Shanghai (OCS) à Bichkek, au Kirghizstan. Le président iranien a
aussi déclaré que la situation exigeait un rapprochement entre Téhéran et
Moscou, autre capitale visée par des sanctions américaines.
Plus
tôt dans la matinée, le chef de la diplomatie iranienne avait jugé les
accusations américaines «sans fondement», accusant Washington de «sabotage
diplomatique». «Que les États-Unis aient immédiatement sauté sur l’occasion
pour lancer des allégations contre l’Iran [sans] le début d’une preuve fondée
ou circonstancielle fait apparaître en pleine lumière le fait que [Washington
et ses alliés arabes] sont passés au plan B: celui du sabotage diplomatique
[...] et du maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l’Iran», écrit
le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif sur Twitter.
Dès
jeudi, Mohammad Javad Zarif avait jugé hautement suspecte la coïncidence entre
les attaques contre ces navires et la visite inédite du premier ministre
japonais Shinzo Abe à Téhéran. Shinzo Abe a clamé pendant son passage à Téhéran
la volonté du Japon de tout faire pour faire baisser les tensions entre Téhéran
et Washington. Il a rencontré le président iranien Hassan Rohani
mercredi et le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, jeudi matin, lequel a dit ne pas vouloir renouveler «l’amère
expérience» de négociations avec les États-Unis.