Publié par CEMO Centre - Paris
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Syrie, huit ans de guerre

vendredi 14/juin/2019 - 03:33
La Reference
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Déclenché en 2011 par la répression de manifestations, le conflit syrien a fait plus de 370 000 morts et poussé à la fuite des millions personnes. Début juin, la province d’Idlib, située dans le nord-ouest du pays, a de nouveau été la cible de bombardements par le régime de Bachar al-Assad. Huit ans après, « le supplice continue ».

Les Syriens sont épuisés mais huit ans après le début de ce qui n’était qu’une révolte, la guerre n’est toujours pas finie. Après Alep en 2016 et la Ghouta en 2018, c’est au tour de la poche d’Idlib, dans le nord-ouest du pays, d’être la cible des bombardements du régime de Damas et de son allié russe. C’est, avec la zone kurde du nord-est, le dernier espace qui échappe au contrôle de l’armée. Environ trois millions de personnes vivent dans cette zone.

Depuis la reprise des bombardements, près de 400 civils auraient été tués. Plusieurs centaines de milliers d’autres sont contraints de fuir. Ils viennent s’ajouter à l’un des mouvements de population les plus importants depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Nations unies estiment que près de la moitié des vingt millions de Syriens recensés en 2010 ont été contraints de quitter leur foyer. Beaucoup en fuyant leur pays.

Les bombardements d’Idlib désespèrent les Syriens, où qu’ils soient. Parce que le supplice continue. Mais aussi parce qu’ils confirment l’implacable victoire du camp Assad-Poutine et l’effacement de l’influence américaine dans la région. Bachar al-Assad était sur le point de tomber en 2013. Mais le repli américain de la région était engagé, et rien ne fit changer de cap à Barack Obama. Même pas ses propres lignes rouges.

Le désengagement de Washington offrit à Assad une trêve, ce qui a permis à Moscou de recouvrer une influence dans la région. La montée en puissance de Daech, savamment alimentée par Assad lui-même en libérant les pires criminels des geôles syriennes, a ensuite fait le reste, en concentrant ailleurs le feu occidental, en détournant la peur.

Économie de guerre

Résultat, les diplomates français répétaient à l’envi en 2011 et 2012, sûrs d’eux, qu’Assad devait partir, qu’il allait partir. Huit ans plus tard, il est toujours en place. Et la fuite des civils de la poche d’Idlib constitue de nouveau une menace pour la stabilité de la région. Et pour « notre propre sécurité », précisait récemment le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Après huit ans de guerre, les équilibres de la région ont changé. La perte d’influence occidentale est patente. Parallèlement à la montée en puissance de l’Iran et au retour de la Russie (qui soigne ses contacts avec tous les acteurs importants : Iraniens, Turcs et Israéliens). Ce qui complique les choix des Européens, très touchés par la menace terroriste, et des Américains, très focalisés sur le redimensionnement de la stratégie iranienne dans toute la région.

Pour les Syriens, le moment est cruel. Le sinistre régime d’Assad pousse déjà au retour des réfugiés, notamment du Liban, par le biais du Hezbollah. On parle reconstruction, normalisation. Même si c’est une économie de recyclage qui s’est installée, souvent pilotée par les parvenus du régime. La Syrie exportait du textile, elle vend désormais du cuivre, récupéré des ruines. Le dilemme va être terrible : toute aide renforcera, fatalement, les pires proches d’Assad. Ce sont les Syriens qu’il va falloir aider, pas la Syrie.

Un rapport de la Banque mondiale, publié l’an passé, mesurait l’ampleur de la destruction. À Alep, par exemple, cœur industriel et économique du pays avant 2011, ce rapport estime à 14,9 millions de tonnes la masse de débris. Il faudra six ans pour les déblayer. Pour Idlib, le calcul n’a pas été fait. Les bombardements sont en cours.

                                                                        


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