Washington accuse Téhéran d'être "responsable" des attaques contre des pétroliers
Les Etats-Unis ont accusé sans détour l'Iran d'être "responsable" des attaques de jeudi contre deux pétroliers en mer d'Oman, un incident qui fait craindre un nouvel embrasement dans le Golfe.
Pétrolier en feu, opérations de sauvetage de dizaines de marins: deux tankers, norvégien et japonais, ont été la cible d'une attaque dans un passage maritime stratégique mondial, ce qui a immédiatement fait grimper les prix du pétrole.
La tension était déjà forte depuis de précédentes attaques, il y un mois quasiment jour pour jour, contre quatre navires au large des Emirats arabes unis, acte pour lequel Téhéran avait déjà été montré du doigt par Washington.
Mais, à l'époque, l'administration de Donald Trump avait pris plusieurs jours avant de parvenir à cette conclusion.
Jeudi, sa réaction a été immédiate.
"Le gouvernement des Etats-Unis estime que la République islamique d'Iran est responsable des attaques de ce jour en mer d'Oman", a lancé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo lors d'une allocution solennelle, accusant Téhéran de vouloir empêcher le passage du pétrole par le détroit d'Ormuz pour perturber le marché mondial.
Il a évoqué, à l'appui de ses accusations, des informations récoltées par les services de renseignement, "les armes utilisées", les précédentes attaques contre des navires et le fait qu'aucun des groupes alliés de l'Iran dans la région n'ait les moyens d'atteindre "un tel niveau de sophistication".
L'US Navy a vu une mine non explosée sur le flanc d'un des pétroliers, selon un responsable américain, qui n'a toutefois pas été en mesure d'évoquer un lien entre cet engin et l'Iran à ce stade.
Pour Mike Pompeo, les actes attribués par les Etats-Unis aux autorités iraniennes dans la région "représentent une menace claire pour la paix et la sécurité internationales, une attaque flagrante contre la liberté de navigation et une escalade des tensions inacceptable de la part de l'Iran".
- "Suspicieux" -
La coalition dirigée par l'Arabie saoudite qui intervient militairement au Yémen contre les rebelles Houthis soutenus par l'Iran a aussi dénoncé une "escalade majeure", mettant aussi en cause, au moins indirectement, le régime iranien.
L'Iran avait pourtant auparavant exprimé ses "inquiétudes" après des "incidents suspects", indiquant avoir secouru 44 membres d'équipage des deux pétroliers après des appels de détresse.
"Le mot suspicieux ne suffit pas à décrire ce qui transpire apparemment" de ces "attaques" contre des "tankers liés au Japon survenues" au moment même où le Premier ministre japonais Shinzo Abe rencontrait le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a réagi sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
La région subit depuis plus d'un mois une escalade des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran. Washington, qui ne cesse de durcir ses sanctions économiques et diplomatiques contre Téhéran après avoir claqué la porte il y a un an de l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, a soudainement multiplié début mai les déploiements militaires au Moyen-Orient, accusant le régime iranien de préparer des attaques "imminentes" contre des intérêts américains.
La République islamique a balayé ces accusations tout en menaçant de s'affranchir de certaines restrictions à son programme nucléaire.
Le chef de l'ONU Antonio Guterres a averti jeudi que le monde ne pouvait pas se permettre un conflit majeur dans le Golfe. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, qui devait se réunir à ce sujet en urgence jeudi, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a dénoncé "une évolution dangereuse" au Moyen-Orient.