Idlib : rencontre éventée entre les services turcs et syriens
Le choix de l'AKP, le parti du président turc RecepTayyip Erdogan, de ne pas infirmer, le 22 mai, les révélations du journal d'opposition Aydinlik illustre l’embarras de la Turquie quant à la révélation d’une rencontre entre entre Hakan Fidan, patron du MIT, le service turc de renseignement extérieur, et une délégation syrienne emmenée par le Bureau de la sécurité nationale (BSN) syrien, dirigé par Ali Mamlouk.
La divulgation de la rencontre fait les affaires de Damas. L'armée syrienne a relancé fin mai une offensive sur la province d'Idlib, contrôlée par des djihadistes appuyéespar Ankara, dont Hayʼat Taḥrīr al-Shām (HTS) la nouvelle armée née d’un regroupement d’Al Qaida et de diverses brigades salafistes.
Les contacts entre services turcs et syriens viseraient en priorité à tenter d'éviter une reprise trop sanglante de lazone, copieusement pilonnée par l’artillerie russe selon les dernières images qui ont filtré début juin. L'accord de Sotchi, conclu en septembre 2018, qui prévoyait la création d'une zone démilitarisée de 15 à 20 km de profondeur, a fait long feu, tant la reprise du terrain est imminente par Damas.
Selon d'anciens officiels turcs, ces contacts entre MIT et BSN remontent à mai 2016. Au moins cinq visites d'officiels du MIT à Damas ont eu lieu. Il était question de mettre en place des canaux d'échanges avec Damas, une demande toujours plus pressante côté turc à mesure que leurs relais dans la rébellion perdent du terrain. La plupart de ces contacts se sont faits avec le parrainage iranien. Comme l'avance Aydinlik, une rencontre aurait eu lieu à Téhéran dans le sillage de la visite de Bachar al-Assad, en février. Des hauts gradésdu renseignement des deux pays, dont Mohammed Dib Zaitoun, chef de la Direction générale de la sécurité syrienne et proche conseiller du président, se sont vus en Algérie, en 2018.