L’Égypte réclame l’annulation de la mise aux enchères d’une statue de Toutânkhamon
L’ambassade égyptienne à Londres a demandé
au Bureau des affaires étrangères britannique d’empêcher la vente d’un portrait
sculpté représentant la tête de Toutânkhamon, prévue en juillet, en vue de sa
restitution au Caire. Les autorités égyptiennes soupçonnent l’œuvre d’avoir été
volée sur le site de Karnak.
Le profil d’un vol. L’Égypte réclame au Royaume-Uni la restitution d’une
tête du dieu Amon en quartzite marron, qui doit être vendu aux enchères les 3
et 4 juillet prochains par Christie’s. Le Caire craint en effet que la statue
de 28,5 cm de haut n’ait été volée sur le site du temple de Karnak, situé
à Louxor. «Je ne pense pas que Christie’s ait les documents qui prouvent que la
statue a quitté l’Égypte légalement», a expliqué au Guardian le Dr. Zahi
Hawass, archéologue et ancien ministre de la Culture du pays. Il estime que,
dans ces conditions, la statue «doit être retournée à l’Égypte».
«L’ambassade d’Égypte à Londres a
écrit au ministère britannique des Affaires étrangères et à la maison
d’enchères pour stopper la vente et demander que la statue soit restituée»,
est-il précisé dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères
égyptien. Le Caire demande également «que soit stoppée la vente de toutes les
autres pièces égyptiennes lors de la vente prévue à Christie’s les 3 et 4
juillet 2019, soulignant l’importance de l’obtention de tous les certificats
d’acquisition» concernant ces objets.
De son côté, le ministère des Antiquités a écrit à l’Unesco, toujours selon
le communiqué officiel égyptien, pour réclamer que la vente n’ait pas lieu, et
obtenir, à tout le moins, la remise des certificats d’acquisition de ces
objets. Le 3 juin, Christie’s a annoncé la mise en vente le 4 juillet de la
statue vieille de plus de 3 000 ans et représentant le dieu Amon sous les
traits du pharaon Toutânkhamon, estimant l’objet à 4 millions de livres
sterling (4,49 millions d’euros).
«Les objets
antiques ne peuvent pas être retracés sur des millénaires»
Dans un communiqué réponse, l’agence Christie’s affirme que «le lot
appartenait avant 1985 au marchand Heinz Herzer, basé à Munich. Avant cela, le
marchand autrichien Joseph Messina l’avait acquis en 1973-1974 du prince
Wilhelm von Thurn und Taxis, qui l’avait notoirement dans sa collection depuis
les années 1960.»
«Les objets antiques, par leur
nature, ne peuvent pas être retracés sur des millénaires, a expliqué la maison
de vente au Figaro. Nous ne mettrions en vente aucun objet dont la
possession ou l’exportation poserait problème. La statue a été largement
exposée et étudiée et nous avons alerté l’ambassade d’Égypte de l’existence de
la vente.» Christie’s n’a en revanche pas précisé si elle accéderait à la
demande du conseil suprême des antiquités égyptien d’examiner la statue, afin
d’en déterminer l’origine.