Des centaines de personnes ont assisté dimanche dans le nord-ouest de la Syrie à l'enterrement d'une ancienne star du football syrien devenue commandant rebelle durant la guerre et touchée dans des combats contre les forces du régime, a constaté un journaliste de l'AFP.
Abdel-Basset al-Sarout est décédé samedi, à 27 ans, après avoir été blessé deux jours plus tôt dans des affrontements à proximité de la province d'Idleb, contrôlée par des groupes jihadistes et rebelles et théâtre depuis fin avril d'un regain de violence.
Originaire de Homs (centre), Sarout était gardien de but international dans les équipes de jeunes de la Syrie, avant de devenir l'interprète le plus populaire des chansons contestataires à la suite du soulèvement de mars 2011.
Après la répression brutale par le régime de Bachar al-Assad des manifestations pacifiques, Sarout était devenu commandant au sein du groupe rebelle Jaich al-Ezza. Il a été blessé en combattant dans les rangs de cette faction dans la province de Hama, voisine d'Idleb.
Dimanche, des centaines de personnes ont suivi le véhicule qui transportait sa dépouille enveloppée dans un linceul blanc vers la mosquée du village de Dana. Dans le cortège, des combattants ont brandi leurs armes et tiré en l'air.
Au moment où son corps était transporté au-dessus de la foule, à la sortie de la mosquée, des dizaines de personnes ont brandi leur téléphone portable pour essayer de le photographier.
La dépouille a ensuite été inhumée au cimetière par plusieurs hommes, tandis qu'une foule se pressait autour pour apercevoir une dernière fois le combattant.
Sur Twitter, des opposants syriens ont salué l'homme qualifié de "gardien de but" et "oiseau chanteur" de la révolution.
Pour le politologue franco-libanais Ziad Majed, Abdel-Basset al-Sarout, passé de "manifestant pacifique et chanteur réclamant la dignité et la liberté à combattant défendant Homs" était "la meilleure expression de la révolution syrienne, dans toutes ses complexités".
Le parcours de Sarout avait fait l'objet d'un documentaire, "Retour à Homs" du réalisateur Talal Derki, qui a reçu en 2014 le Grand prix du jury au festival américain du cinéma indépendant de Sundance.
Jeudi, jihadistes et rebelles islamistes ont lancé une contre-attaque sur des territoires du régime dans le nord-ouest de la province de Hama. Plus de 250 combattants sont morts depuis, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
La province de Hama jouxte celle d'Idleb, théâtre d'une escalade de violence depuis avril.
Le pouvoir de Bachar al-Assad et son allié russe bombardent quasi quotidiennement le secteur, dominé par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda).
Plus de 330 civils ont été tués dans ces raids depuis fin avril, selon l'OSDH et plus de 270.000 ont été déplacées, d'après l'ONU.
Depuis 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts et des millions de réfugiés.