Manifestation massive à Hongkong contre un projet de loi d’extradition vers la Chine
HongKong a vécu, dimanche 9 juin,
l’une de ses manifestations les plus importantes depuis sa rétrocession à
Pékin, en 1997 : des centaines de milliers de personnes ont marché
dans les rues de la ville pour dénoncer un projet du gouvernement local de
faciliter des extraditions vers la justice de la Chine continentale.
Dans une chaleur étouffante, les manifestants ont, pendant sept
heures, défilé dans les rues étroites de l’île principale, formant un cortège
impressionnant et brandissant des pancartes rouges sur lesquelles on pouvait
notamment lire « Non à l’extradition ».
« Il y a 1,03 million de personnes à la marche
d’aujourd’hui », a annoncé un des organisateurs à la foule rassemblée devant le
Conseil législatif (LegCo, le « Parlement » local),
déclenchant vivats et applaudissements. La police, qui traditionnellement donne
des chiffres de participation nettement inférieurs à ceux des organisateurs, a
estimé que la marche avait, à son plus fort, rassemblé 240 000 personnes –
soit, selon ses chiffres, la deuxième manifestation la plus massive depuis le
passage de HongKong en région administrative spéciale.
La marche était en tout cas comparable à une manifestation de
2003, qui avait vu un demi-million de personnes descendre dans les rues,
forçant les autorités à renoncer à une loi controversée sur la sécurité
nationale. L’opposition au projet de loi rassemble un large front de la société
hongkongaise, allant des hommes d’affaires aux avocats et
aux étudiants, aux partisans de la démocratisation et aux communautés
religieuses.
Critiques
contre le système judiciaire chinois
Les participants à la marche ont quitté le parc Victoria, situé
sur une île dans le sud de la ville, à 15 heures (9 heures du matin à
Paris) pour se diriger vers le Conseil législatif (LegCo) de Hongkong, où le
projet de loi doit être débattu à partir de mercredi. Les participants déjà sur
place ont scandé « Pas d’extradition vers la Chine, pas de loi maléfique ! »,
et d’autres ont réclamé la démission de Carrie Lam, la dirigeante de l’exécutif
hongkongais.
Le projet de loi sur la question des extraditions vise à
simplifier les procédures permettant d’envoyer des suspects vers des pays ou
territoires tiers comme la Chine continentale, Macao et Taïwan, en plus des 20
pays avec lesquels Hongkong dispose déjà de conventions d’extradition. Mais
c’est la perspective d’extraditions vers la République populaire de Chine qui
alarme à Hongkong.
L’ancienne colonie britannique a été rétrocédée à la Chine
en 1997 mais avec des garanties sur son autonomie et les libertés,
notamment celle de disposer d’un système judiciaire distinct. Que ce soit dans
le monde des affaires, au sein des communautés religieuses ou dans des organisations
de la société civile, l’équité et la transparence du système judiciaire chinois
sont fortement contestées.