Publié par CEMO Centre - Paris
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Soudan: les chefs de la contestation appellent à la "désobéissance civile"

samedi 08/juin/2019 - 08:58
La Reference
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Les chefs de la contestation au Soudan ont appelé samedi à la "désobéissance civile" à partir de dimanche pour faire pression sur les militaires au pouvoir, accusés de répression brutale contre les manifestants.

"Le mouvement de désobéissance civile commencera dimanche et ne se terminera que lorsqu'un gouvernement civil aura été annoncé", a indiqué l'Association des professionnels soudanais (SPA), acteur majeur de la contestation, dans un communiqué.

Cet appel intervient au lendemain de la visite à Khartoum du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, venu en médiateur entre la contestation et le Conseil militaire de transition, au pouvoir depuis la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril.

Il survient aussi cinq jours après la violente dispersion par les forces de sécurité d'un sit-in organisé depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum, dans le prolongement du mouvement de contestation déclenché en décembre.

Qualifiée de "massacre" par la contestation, cette dispersion a été suivie d'une vague de répression cette semaine. Selon des habitants, un climat de "terreur" s'est emparé de la capitale.

D'après des médecins proches de la contestation, plus de 100 personnes sont mortes et plus de 500 blessées, en majorité lors de la dispersion du sit-in. Le gouvernement a nié ces chiffres, évoquant un bilan de 61 tués.

Pour la SPA, la désobéissance civile constitue "un acte pacifique capable de mettre à genoux le plus puissant arsenal d'armes au monde".

Cette nouvelle forme d'action intervient après deux jours de grève générale, les 28 et 29 mai, pour faire pression sur l'armée.

La forme que prendra cette "désobéissance civile" n'a pas été précisée, alors que les rues de Khartoum sont quasi désertes depuis lundi en raison de la répression.

- "Inacceptable" -

Samedi encore, les rideaux de fer de la plupart des magasins étaient baissés dans la capitale soudanaise en ce dernier jour de vacances de la fête musulmane du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan. Si la circulation avait légèrement repris, peu de piétons étaient visibles dans les rues.

Des barricades de briques coupaient certaines routes des quartiers de Bahri et Burri, deux hauts lieux de la contestation à Khartoum. Elles ont été érigées par les manifestants pour notamment, disent-ils, se protéger des forces de sécurité.

Dans d'autres rues, ces barrières de fortune étaient retirées à la main, brique par brique, par des soldats de l'armée régulière et par des hommes des Forces de soutien rapide (RSF).

Ces paramilitaires sont accusés par la contestation d'être les principaux auteurs de la répression du mouvement depuis le 3 juin.

Dans ce contexte de tension accrue, trois membres de la contestation ont été interpellés par "des hommes armés" après avoir rencontré le Premier ministre éthiopien.

Ismaïl Jalab, secrétaire général du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N), a été "embarqué vers une destination inconnue" par des hommes armés venus à son domicile samedi à 03H00 (01H00 GMT), a indiqué à l'AFP Rachid Anouar, responsable au sein du SPLM-N.

Ce mouvement est la branche nordiste d'une ex-rébellion sudiste qui a régulièrement été en conflit avec le pouvoir central du président déchu Omar el-Béchir.

Son porte-parole, Moubarak Ardoul, a été "embarqué" en même temps que M. Jalab, a ajouté Rachid Anouar.

Mohamed Esmat, un leader au sein de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, a lui aussi été "emmené par des hommes armés" vendredi, "à sa sortie de l'ambassade d'Ethiopie", a déclaré à l'AFP Essam Abou Hassabou, membre de l'ALC.

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