Armement : la France vend deux corvettes aux Emirats pour 750 millions d'euros
Ce contrat vient d’être conclu par Naval Group en pleine polémique sur les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, engagés dans le conflit au Yémen.
Les Emirats Arabes Unis auraient conclu avec l’industriel français Naval Group l’achat de deux corvettes Gowind pour un montant proche de 750 millions d'euros. Comme le révèle la lettre « Intelligence Online », le contrat a été signé très discrètement le 25 mars à Abu Dhabi. Ces bâtiments sont destinés à des missions de surveillance, de lutte contre la piraterie ou contre les sous-marins.
En 2017, Emmanuel Macron avait annoncé, après une série d’entretiens avec le prince héritier d’Abu Dhabi, la volonté des Emirats d’acquérir deux corvettes françaises. Depuis, les négociations semblaient être dans l’impasse. D’autant que l’Allemagne, qui produit les moteurs, a prolongé fin mars son embargo sur les ventes d’armes vers les Emirats et l’Arabie Saoudite.
Par ailleurs, la France est souvent pointée par des parlementaires et des ONG pour ses ventes d’armement à l’Arabie et aux Emirats, engagés au Yémen dans un conflit qui a fait depuis 2015 des dizaines de milliers de morts, dont de nombreux civils.
Sans doute est-ce pour cette raison que ce contrat n’a pas été annoncé, comme c’est le cas à chaque signature, sur le site internet de Naval Group.
La bonne santé des exportations
Cette commande, pour laquelle le groupe était en concurrence avec le Français CMN, le Néerlandais Damen et l’Italien Fincantieri, lui permet de s’implanter dans un nouveau pays.
Depuis le début de l’année, le leader européen de la défense navale a par ailleurs conclu des contrats pour 17 navires de guerre construits en Bretagne, dont trois patrouilleurs Gowind pour l’Argentine. Il a aussi vendu 12 chasseurs de mines à la Belgique et aux Pays-Bas pour plus de 2 milliards d'euros.
S’y ajoute le contrat signé avec l’Australie pour ses futurs sous-marins pour un montant de 1,450 milliard d'euros. Enfin, Naval Group et les Chantiers de l’Atlantique ont engrangé fin janvier un contrat de 1,7 milliard d'euros pour la construction de quatre navires pétroliers ravitailleurs de 194 mètres de long.
Les succès de cet industriels illustrent la bonne santé des exportations françaises d’armement. En 2018, elles ont bondi de 30 %, à 9,1 milliards d'euros, avec pour principaux destinataires le Qatar, la Belgique et l’Arabie Saoudite.
Pour la France, le Proche et le Moyen-Orient sont restés l’an dernier la première région d’exportation de la France avec près de la moitié du total des prises de commandes.
Sur les dix dernières années (2009-2018), les trois plus gros clients d’armement français sont l’Inde (avec une commande de 36 Rafale), l’Arabie saoudite et le Qatar.
La ministre des Armées Florence Parly a rappelé que l’armement représente 13 % des emplois industriels en France, soit 200 000 postes.