Syrie : un Aïd de désolation pour les déplacés d’Idlib
Les champs d’oliviers des confins
nord-ouest de la Syrie, le long de la frontière avec la Turquie, sont devenus
le dernier refuge des damnés d’Idlib. Ces zones reculées, tapissées de terre
rouge et battues par les vents, abritent des centaines de milliers de rescapés
de la campagne de bombardements menée par l’armée syrienne et son allié russe
contre la dernière place forte de la rébellion anti-Assad.
Sous chaque arbre ou presque, une famille
a élu domicile, disposant autour du tronc le peu qu’elle a pu emporter dans sa
fuite : quelques matelas, des ustensiles de cuisine, une bassine ou un
seau en plastique, des sacs remplis de vêtements et parfois un ventilateur,
accessoire incongru en l’absence d’électricité, ou bien une tête de bétail. Le
feuillage offre un peu d’ombre et les branches permettent de tendre un fil à
linge et une toile de tente, apportant un semblant d’intimité aux femmes du
foyer.
« Cela fait vingt-cinq jours que nous
sommes là, à manger des conserves de viande et quelques concombres. On a très
peu d’aide, très peu d’eau, pas de pain, on doit tout acheter par nous-mêmes », se lamentait la semaine dernière Abou
Ahmed Alfendi, un habitant de la province de Hama, échoué dans un camp de
fortune de la région d’Atmé, à une centaine de kilomètres au nord de son
village, menacé par des frappes. « Ce sera sûrement le pire Aïd de
ma vie », ajoutait le père de famille, contacté par WhatsApp, en
référence à la fête de la fin du ramadan, célébrée mardi 4 juin dans les
zones tenues par l’insurrection – et mercredi dans celles tenues par le régime.