"La démission de Laurent Wauquiez est une marche supplémentaire vers le gouffre"
Après
l'échec des élections européennes, Laurent Wauquiez quitte ses fonctions de
président des Républicains. Une bonne chose, selon l'éditorialiste Jean-Michel
Aphatie. Mais que va devenir la droite désormais ?
Après la déroute du parti
aux élections européennes (8,48%),
le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a annoncé dimanche
soir qu'il quittait son poste. "Les victoires
sont collectives, les défaites sont solitaires. Il faut que je prenne mes
responsabilités : (...) je vais prendre du recul", a-t-il déclaré sur TF1.
Déjà critiqué en interne, plusieurs cadres du parti l'avaient appelé au départ.
Élu en décembre 2017, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et ancien
ministre lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, va donc quitter ses fonctions.
Voilà ce qu'en retient notre éditorialiste Jean-Michel Aphatie.
"Il
a bien fait. Même si sa décision crée autant de problèmes qu'elle n'en résout.
Il a bien fait, parce que le score de dimanche le prive de toute autorité. Les
Républicains, grand parti de gouvernement, à 8%, c'est une Bérézina. Donc il
paye la note, c'est normal.
Sa
stratégie depuis deux ans était mauvaise : courir après le Rassemblement
national [ex-Front national] marginalise la droite républicaine. Parce que
cette droite est constituée de beaucoup de familles, de sensibilités. En deux
ans, Laurent Wauquiez n'a réussi à incarner que la sensibilité la plus
radicale. C'était un échec.
Et
il s'est débrouillé pour qu'on pense qu'une fois sur deux, quand il ouvrait la
bouche, il mentait. C'est un problème de personnalité majeur. Il a dit,
dimanche soir, qu'il allait beaucoup réfléchir. Sur ce point, il a un gros
souci de crédibilité. Sa démission est donc une bonne chose. Mais une fois que
l'on a dit ça, que font les Républicains ?
Quelle
est la personnalité qui, en leur sein, est capable de fédérer toutes les
sensibilités de la droite française ? Elle n'existe pas. Quelle est la
personnalité qui a l'autorité, non pas pour être candidate à l'élection
présidentielle de 2022, mais pour donner le sentiment aux Républicains qu'elle
peut les aider à construire un parti qui serait gagnant à l'élection présidentielle
? Elle n'existe pas. Valérie Pécresse est trop critique par certains côtés,
Xavier Bertrand est à l'extérieur, Bruno Retailleau est tout frais tout neuf.
Il y a bien les plus jeunes, Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, qui ont fait
un demi-tour trois-quarts comme seuls les politiques en font quelques fois.
C'est
un parti extrêmement malade. Et le souci de celui qui va reprendre la boutique,
c'est de faire revenir les électeurs qui sont partis soit au Rassemblement
national, soit à la République en marche ou qui sont dans l'abstention.
Il
faut aussi voir ce qu'est l'histoire de la droite française depuis 2012, depuis
l'élection perdue de Nicolas Sarkozy. Cela a d'abord été une guerre
épouvantable entre Jean-François Copé et François Fillon, le retour manqué de
Nicolas Sarkozy, l'affaire Bygmalion, l'échec d'Alain Juppé quand il a voulu
revenir, les casseroles de François Fillon… C'est un désastre. La
démission de Laurent Wauquiez est une marche supplémentaire vers le gouffre. Et
s'il y a une musique qui ce matin incarne bien les Républicains, c'est la
marche funèbre de Chopin."