Deux Français condamnés à mort en Irak pour appartenance à l’Etat islamique
Depuis
le 26 mai, neuf Français ont été condamnés à la peine capitale pour avoir
participé à l’existence du groupe djihadiste.
Un tribunal antiterroriste de Bagdad a
condamné à mort, dimanche 2 juin, deux Français : Fodil Tahar
Aouidate, 32 ans, et Vianney Ouraghi, 28 ans, du fait de leur
appartenance à l’organisation Etat islamique (EI). Depuis le 26 mai, sept
autres Français ont été condamnés à la peine capitale pour avoir participé à
l’existence du groupe djihadiste.
Aouidate, décrit comme autoritaire, violent
et prêt à mourir pour l’idéologie radicale de l’EI, avait été transféré de
Syrie, où il était détenu par une force kurde anti-EI, vers l’Irak début
janvier. Il a ensuite été interrogé pendant quatre mois, d’abord par le
renseignement puis par un juge d’instruction. A l’ouverture de son procès il
avait affirmé avoir été frappé au cours de ces interrogatoires.
Ouraghi, lui, a raconté aux enquêteurs
irakiens avoir abandonné ses études de psychologie en France puis s’être
radicalisé en ligne. Toujours selon ses « aveux », rendus
publics par la justice irakienne, il a suivi « des formations
religieuses et militaires », puis fait allégeance à l’EI à Mossoul
(nord) en 2014. Lors de son audience, il a reconnu devant le juge
avoir « travaillé avec Daech [acronyme arabe de l’EI] ». « Mais
je n’ai pas participé aux combats ni en Syrie ni en Irak », a-t-il
ajouté.
« Diverses
techniques de torture » selon HRW
Au début de l’audience de Fodil Tahar
Aouidate, le juge a rejeté les allégations de torture que l’accusé avait
formulées à l’ouverture de son procès. « Selon le rapport médical,
il n’y a pas de traces de torture sur son corps », a affirmé Ahmad
Mohammad. Il avait cependant montré des marques sur son dos au juge qui avait
réclamé un examen et un rapport de la médecine légale.
Pour Human Rights Watch (HRW), les procès
irakiens présentent de « graves lacunes, dont la torture », et
Paris ne devrait pas « sous-traiter la gestion » de
ses ressortissants « à des systèmes judiciaires abusifs ».
HRW assure, en outre, avoir « les
preuves que
les interrogateurs [irakiens] recourent
à diverses techniques de torture qui ne laissent pas de marques durables, comme
frapper les suspects sur la plante des pieds et les simulacres de noyade ».
Paris, qui dit ne pas vouloir s’ingérer
dans les décisions de la justice irakienne, affirme avoir réitéré auprès de
Bagdad son opposition à la peine de mort.