Transfert de 22 momies du Musée égyptien vers celui de la civilisation à Fostat, en septembre
Le transfert de 22 momies du Musée égyptien du Caire vers celui de la civilisation à Fostat, prévu en septembre prochain, exige des mesures et des préparatifs exceptionnels. Pour les deux musées, c’est aussi l’occasion de se réinventer.
22 momies royales quitteront le Musée égyptien du Caire, en septembre prochain, pour être exposées au Nouveau Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC, National Museum of Egyptian Civilization), situé à Fostat.
La fragilité et l’importance historique des momies rendent la mission délicate. Ainsi, des mesures de grande envergure doivent être prises pour garantir la réussite de ce transfert.
Sur les 22 momies qui seront transférées, 16 sont actuellement exposées dans deux salles du Musée égyptien, alors que les 6 restantes n’ont jamais été montrées et se trouvent dans les entrepôts du musée.
« Les momies sont des pièces très fragiles. Elles doivent être traitées avec beaucoup de soin lors du transfert pour qu’elles puissent supporter la vibration de la route. Et aussi, il faut pouvoir contrôler la chaleur et les gaz lors du transfert, surtout que les vitrines sont dépourvues d’oxygène pour garantir une bonne conservation des corps royaux », explique Sabah Abdel-Razeq, directrice du Musée égyptien du Caire, assurant que toutes les momies seront transférées avec leurs vitrines du Musée égyptien à celui de Fostat. « Bien que les vitrines subissent des travaux de maintenance régulière, elles seront soumises à des travaux supplémentaires pour garantir leurs états », reprend Abdel-Razeq, assurant qu’elle n’est pas inquiète de faire sortir les momies du musée et que leur déplacement, bien qu’il soit très délicat, n’est pas difficile.
« Toutes les mesures de sécurité doivent être prises pour que le transfert soit à la hauteur des rois et des reines qui seront déplacés », annonce le célèbre égyptologue Zahi Hawas qui se souvient du cortège organisé depuis l’aéroport du Caire en 2003 lors du retour de la momie du roi Ramsès Ier du musée Michael Carlos d’Atlanta, des Etats-Unis, momie qui avait été volée il y a plus de 120 ans.
Selon lui, les momies royales ont un charme énigmatique spécial, et leur transfert de la place Tahrir jusqu’au vieux Caire, à Fostat, sera suivi par le monde entier. Elles vont traverser des rues cairotes, près de 7 km, dans un cortège royal militaire. Une célébration sans précédent qui pourrait être encore plus importante que celle de la statue colossale de Ramsès II, de la place portant son nom, au centre-ville, vers sa destination finale au Nouveau Grand Musée égyptien, près du plateau des pyramides.
« Une fois les momies transférées, d’autres non royales mais d’une grande importance historique seront exposées à leur place dans un nouveau scénario muséal, donnant des informations supplémentaires sur les momies à travers des multimédias modernes », indique Abdel-Razeq, donnant l’exemple de la momie hurlante, dont la découverte remonte à 1881, à Deir Al-Bahari, et celle de la nourrice de la reine Hatchepsout « Satrê », qui étaient toutes les deux conservées depuis leur découverte dans les entrepôts du musée.
A noter que le Musée égyptien du Caire regroupe une riche collection de momies découvertes dans les quatre coins du pays, notamment un certain nombre de momies animales. « Même si notre musée antique perd une partie de sa collection, il renferme beaucoup d’autres pièces riches historiquement et scientifiquement », déclare-t-elle, ajoutant que le Musée égyptien du Caire ne perdra jamais son charme et continuera toujours à fasciner.
Quant au Musée de la civilisation, il se prépare également pour ce grand événement, qui marquera la date de l’inauguration officielle de trois de ses salles parmi lesquelles celle des momies royales. Selon les dernières déclarations ministérielles, la salle centrale, celle des momies et la tour, qui est en forme pyramidale, sont les trois salles qui seront inaugurées au dernier trimestre de cette année.
« Le NMEC doit être prêt à accueillir la collection singulière des momies », annonce Khaled Azab, nouveau directeur du Musée de Fostat, assurant qu’au cours des derniers mois, les travaux se déroulaient d’arrache-pied au musée pour être prêt à accueillir les pièces antiques qui seront exposées dans les trois nouvelles salles et surtout celle des momies. « Une fois les momies arrivées à leur nouvel emplacement, elles seront sujettes à une observation minutieuse pour s’assurer de leur état après le transfert », souligne Azab, expliquant que chaque momie sera accompagnée d’un buste ou d’une statue du même roi ou reine pour enrichir la muséologie de la salle. Les 22 momies ne seront pas toutes exposées, puisque quelques-unes seront consacrées aux études des spécialistes. « Nous n’avons pas encore décidé combien de momies seront exposées au public », a-t-il repris.
Avec l’annonce du transfert des momies royales du centre-ville à Fostat, les avis sont partagés, notamment à cause de la position géographique du lieu. Pour les uns, l’accès au musée est difficile et n’est pas une destination convenable pour les touristes. D’après Azab, le musée, le lac Aïn Al-Sira, et toute la région jouissent actuellement d’un projet de développement et de réaménagement qui facilitera l’accès au musée. « Les momies seront conservées dans leurs vitrines loin de l’humidité ou de la chaleur, car le bâtiment est très bien aéré. Et on va mettre des équipements spéciaux pour le réglage de la température et de l’humidité. Les momies trouveront une destination confortable », assure-t-il. A noter que les responsables au musée se préparent non seulement pour recevoir les momies, mais aussi pour pouvoir inaugurer les trois autres salles. « Tout doit être prêt, les laboratoires qui sont au total de 11, quelques nouvelles vitrines, les moyens de sécurité, les films documentaires et les dioramas, en plus des conservateurs et inspecteurs capables d’expliquer et de répondre à toutes les questions des visiteurs. On ne doit pas se précipiter; le tout doit être prêt. Parce qu’une fois le musée inauguré, on doit garantir sa continuité », conclut Azab.