Al-Marg’e interviewe un prêcheur salafiste (1/2) Al-Tarfaoui : Les leaders fugitifs du Groupe islamique sont les Kharijites de notre époque
par Abdel-Rahman Sakr
Le prêcheur salafiste Seif
Al-Nasr Ali Eïssa, surnommé « Abou Hossameddine Al-Tarafaoui » a
attaqué les leaders du Groupe islamique (Al-Djam’aa al-islamiya), notamment
ceux qui sont en fuite à l’extérieur de la patrie. Il a également annoncé son
appui au président Abdel-Fattah Al-Sissi pour renouveler le prêche religieux.
Dans une interview à Al-Marg’e,
Al-Tarafaoui, écrivain des sciences de la jurisprudence et littéraire, a
dit : « Le discours religieux, scientifique et politique sont aptes à
être renouveler et développer d’après l’époque. C’est pourquoi, les sciences de
la jurisprudence ne sont pas arrêter à une certaine phase, elles ont connu une
évolution au fil des époques. L’écriture et même les avis religieux (fatwas)
diffèrent d’une époque à l’autre. La beauté de la charia islamique est qu’elle
n’embarrasse pas les gens sans que cela ne porte atteinte aux principes de
base. L’Islam est basé sur un dogme. Et, l’Islam a des principes fixes :
les six piliers de la foi et le tawhid (l’unicité d’après laquelle Allah est
l’unique Dieu et l’unique Créateur).
Il a ajouté : « Le
Groupe islamique est né de la Confrérie des Frères Musulmans, il s’agit de son
bras armé et leur attitude à l’égard des dirigeants est celle des Kharijites.
Quant au principe « de commander le Bien et d’interdire le Mal »
(Al-Amr bilmaarouf we al-nahie ‘an almonkar), le Groupe s’inspire de l’école Al mu'tazila (ou mutazilisme, ou
mu'tazilisme). Il est plus enclin à hisser les armes que tous les autres
groupes. Ses membres ont déjà annoncé leur repentance et ont reconnu leur
erreur, mais lorsque l’Etat s’est affaibli à l’issue de la Révolution du 25
janvier, ils ont rebroussé chemin. Ils sont devenus une queue de la Confrérie
des Frères Musulmans, croyant qu’ils vont ainsi comprendre le monde de la
politique.
Le prêcheur salafiste a
poursuivi : « Que leurs leaders soient au Qatar ou en Turquie,
cela est un fait ordinaire. Ils sont des ignorants qui se sont échappés de leur
pays de peur de la prison. Ils se sont jetés aux pieds des ennemis de la patrie
et sont devenus un jeu entre leurs mains contre leurs vies et leurs âmes. Ils
exécutent les ordres qu’ils reçoivent et non pas d’autres options ».
Il a dit : « Nul d’entre eux ne peut
agir à l’égard du Qatar, comme il le fait à l’égard de l’Egypte, ni même envers
Erdogan comme il le fait à l’égard de son président. Ils ont menti à eux-mêmes
en faisant d’Erdogan, le leader des Musulmans et d’Al-Sissi, le pharaon
mécréant. Tout cela non pas parce qu’ils sont libres de penser, mais parce qu’ils
sont contrôlés contre leur liberté. Malheureux à ceux qui vivent ainsi! »
Al-Tarafaoui est né à Samalout au gouvernorat de
Minia en 1965 et il a déjà publié un nombre d’ouvrages dont : « La
modestie et son influence sur la vie de la Nation », « Mohamed, prophète
de l’Islam et du merci offerts au monde », ainsi que d’autres ouvrages qui
sont au nombre de 30. Il a déjà obtenu des prix d’institutions islamiques, de
sites islamiques, et il a pris part à la Ligue islamique mondiale.
Al-Tarafaoui a raconté une partie de son parcours
d’apprentissage au cours duquel des oulémas et des cheikhs du monde islamique
lui ont enseigné : « 7 oulémas m’ont inculqué mon savoir lesquels
sont : le défunt Abou Abdel-Rahman Mohamed Ben Al-hadj Al-Albani Al-Arnaoti
(savant de prophète) en Jordanie en 1988, Cheikh Hassan Ali (Que Dieu le
bénisse), Cheikh Abdel-Azim Ben Badaoui, Cheikh Abdel-Aziz Al-Baz (Que son âme
repose en paix) en 1995, Cheikh Abdallah Ben Abdel-Rahman Al-Jebrine (Que son
âme repose en paix), Cheikh Mohamed Saleh Al-Oussaïmine (Que son âme repose en
paix), Cheikh Abdel-Aziz Al-Raghi, Cheikh Saleh Ben Abdel-Aziz Al Cheikh,
Cheikh Omar Eïd, Cheikh Mohamed Eïd Al-Abbassi (Que son âme repose en paix).
Ils m’ont tous inculqué leur savoir ».
Et de poursuivre : « En Egypte, j’ai été
formé par Cheikh Safwat Noureddine (Que son âme repose en paix) membre au
Groupe Anssar Al-Sounah (Les partisans de la Sounnah), Cheikh Safwat
Al-Chawadfi (Que son âme repose en paix), des cheikhs d’Anssar Al-Sounah. J’ai
également rencontré Cheikh Mostafa Al-Adawi. J’ai énormément profité d’eux. Que
ceux qui ne sont plus de notre monde reposent en paix et que les autres encore
en vie soient bénis ».
Al-Tarafaoui attribue la présence actuelle de
l’extrémisme dans le monde islamique à cinq raisons principales lesquelles
sont :
1- Ignorance du vrai Islam comme il était au temps
du Prophète et de ses Compagnons.
2- Absence du
rôle des institutions pour élaborer un bon curriculum.
3- Absence du
rôle de la bonne orientation universitaire, et du rôle de la culture.
4- Absence du
rôle réel d’Al-Azhar sur le terrain.
5- Absence du
rôle de prédication du ministère des Waqfs.
Les groupes
et leur guerre contre la science :
Le leader
salafiste Abou Hossam Al-Tarafaoui a expliqué le fait que les groupes
islamistes à l’instar de la Confrérie des Frères Musulmans, du Groupe
islamique, du Tabligh (Informer) et de la Dawah et les Soufis sont en guerre
contre la science est dû à ce qu’ils cherchent à garantir l’allégeance et la
loyauté de leurs membres. Il est à noter que ces groupes contrôlent une grande
partie des gens.
Il a également
noté que les groupes laïcs et libéraux qui ne sont point informés sur la
conjoncture du pays et qui ne connaissent rien de la vie culturelle et sociale
des gens, attaquent de manière préméditée le patrimoine islamique, portent
atteinte à l’Islam en suivant la voie des Orientalistes et en le propageant
auprès des jeunes.
Il a également
attaqué ceux qui se prennent pour des cheikhs, critiquant :
« Beaucoup de cheikhs- qu’ils soient salafistes ou non- ont contribué à
l’ignorance en se limitant aux prêches et aux leçons, sans se concentrer sur
les leçons qui peuvent conduire les jeunes à la bonne approche. C’est ce qui a
fait en sorte que nous avons des partisans qui ressemblent aux moutons de
Panurge et qui suivent fanatiquement leur cheikh, ses paroles, ses
mouvements ».
Il a expliqué
que les causes de l’extrémisme sont dues au fait d’avancer contre les principes
de la charia. C’est ce que les jeunes voient dans les médias : en
rabaissant la religion et en agissant à l’encontre de ses principes. A titre
d’exemple, les jeunes voient des femmes qui ne respectent ni la charia, ni ses
principes, ou encore des personnes qui portent atteinte à la charia ou
qui méprisent celles qui respectent la charia, en plus de certains programmes
qui attaquent les principes fixes de l’Islam ».
Les médias
dans les groupes :
Les groupes
œuvrent elle-même à cultiver ses membres. C’est ce qu’a dit Al-Tarafaoui en
parlant des mécanismes médiatiques et culturels dans les groupes islamistes. En
effet, il a expliqué que les colloques culturels accueillent des savants de
différentes universités. Il y a également des colloques hebdomadaires qui sont
annoncés et qui permettent un dialogue entre les oulémas et les jeunes afin
d’ôter toute confusion dans leurs esprits.
De même, de
nombreux programmes sont présentés sur les médias de ces groupes. Ils
présentent ces affaires, et cherchent à accueillir les membres de ces groupes
qui sont charismatiques en laissant une opportunité de dialogue entre les
jeunes et les invités.
Al-Tarafaoui a
évoqué également le rôle de l’Etat et des hommes d’affaires honnêtes pour
produire des programmes télévisés respectables. Le théâtre devrait de
même accorder un intérêt majeur à hausser le niveau culturel des gens, ainsi
que d’activer le rôle des organisations de la société civile afin de publier
des périodiques scientifiques qui traitent l’extrémisme et le terrorisme.
Il a également
souligné l’importance de la dissuasion de l’Etat, mais avec vigilance. En
effet, les officiers qui enquêtent avec les jeunes doivent avoir suivi des
stages scientifiques afin de dialoguer avec les jeunes et supprimer les idées
faussées. Ils doivent savoir agir avec force et douceur. Ils auront ainsi plus
d’influence sur les jeunes.
Il a ajouté que
l’Etat dépensait un milliard de L.E afin de lutter contre le terrorisme et
l’extrémisme par le recours à la force. S’il adoptait la bonne approche
scientifique pour éradiquer les idées extrémistes, les dépenses se réduiraient
d’environ 50%. Du bien se réaliserait, a-t-il noté.
Concernant sa
position quant au Groupe salafiste d’Alexandrie, il a dit que c’était un groupe
ayant un responsable et des partisans. En cela, il ne diffère d’aucun parti, ni
groupe. Il est à l’origine né de la Confrérie des Frères Musulmans et il s’est
inspiré de sa structure. Il compte toutefois des savants qui ont beaucoup de
mérite et qui ont des empreintes évidentes sur les jeunes. D’autres sont
fanatiques et ignorants (c’est le cas récurrent). Ceux-ci ont adopté une
approche autre que le salafisme, ils se sont déroutés et se sont influencés par
l’approche Qotbiste (en référence au philosophe des Frères Musulmans Sayyed Qotb).
Il a fortement
attaqué les groupes takfiristes en Egypte : « Depuis qu’ils sont nés,
ils se sont infiltrés parmi les gens et entre les communautés. Ils montrent
l’état de vulnérabilité de l’Etat et dissimulent son état de force. Ils ont
largement profité au cours des dernières années de la Confrérie des Frères
Musulmans et du Groupe islamique en soulevant les gens contre l’Etat. Si l’Etat
s’affaiblit, ils seront les premiers à porter les armes. L’Etat doit se montrer
vigilant en traitant ce fléau dès le début.
Attaque contre
les Coptes extrémistes
Concernant son
attaque contre les Coptes extrémistes, il a dit : « Je n’ai pas
attaqué tous les Chrétiens, mais j’ai attaqué seulement les extrémistes.
C’était à l’époque où les organisations coptes en Amérique travaillaient contre
l’Etat égyptien, œuvrer à la sédition entre les composantes du peuple égyptien,
inciter à la haine et à la violence, insulter l’Islam, son prophète et son
Saint-Coran. C’était avant le 25 janvier et une année après. En revanche, ces
groupes ont attaqué ceux qui sont adeptes de l’Islam ».
Abou Hossam a
indiqué que les divergences entre les membres de la Nation islamique sont
possibles. Les principes sont fixes, mais la façon de pratiquer le culte est
différente.