Après 29 semaines de contestation, les gilets jaunes, à bout de souffle, ont peiné à mobiliser ce samedi. Ils enregistrent leur plus faible participation avec 9500 manifestants en France, dont 1500 à Paris, d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur. Une mobilisation de nouveau en baisse qui s'inscrit dans la lignée dans trois dernières, et qui intervient une semaine après le revers électoral des listes gilets jaunes aux élections européennes.
Le blues des manifestants
D'après les chiffres du ministère de l'Intérieur, 9500 manifestants ont été dénombrés dont 1500 à Paris, soit un peu moins que les 12500 de la semaine passée. Les manifestants, qui contestent les chiffres officiels, ont quant à eux dénombré 23622 manifestants, d'après le nombre Jaune contre un peu plus de 30.000 la semaine passée.
"Justice sociale, justice fiscale", "anti, anti, anticapitaliste", "Macron démission pour un monde meilleur" pouvait-on lire et entendre dans les cortèges.
Mais certains manifestants n'hésitent plus à afficher leur blues. Comme Josiane mobilisée dès la première heure depuis le mois de novembre et présente dans les rues de Toulouse, l'une des places fortes du mouvement, où seules quelques centaines de personnes étaient réunies samedi.
"C'est la première fois qu'il y a si peu de monde à Toulouse, ça me fait mal au coeur. Le gouvernement, le pouvoir, ils sont trop forts, au final on n'a rien gagné et en plus on s'est fait insulter et taper dessus", déplore cette retraitée.
Après des mois de mobilisation variable, attirant de plusieurs dizaines de milliers à plus de 280.000, les dernières semaines ont en effet montré un essoufflement de la mobilisation: le 18 mai, ils étaient environ 15.500 à travers la France, et 12.500 le 25.
Vers un regain de mobilisation à la rentrée?
"On ne lâche rien! Les médias disent que le mouvement est mort mais c'est faux", affirme Sandrine 53 ans, de Massy-Palaiseau, auxiliaire familiale, présente chaque samedi depuis le 17 novembre. "On est hyper résistants. Il y aura peut-être un petit creux pendant l'été, mais en septembre ça va repartir de plus belle."
"Pour continuer à venir, il faut vouloir aller au-delà, penser un peu politiquement, structurer l'élan qu'a été les gilets jaunes. Mais pas dans un parti, en tout cas", estime Jean-Marc, 64 ans, enseignant à la retraite, de Créon, dans la grande banlieue de Bordeaux.
Pour lui les "quelques mesurettes du gouvernement ont pu donner un peu d'oxygène à certains, mais la souffrance est toujours là. Des gens au point de rupture, j'en vois toujours".
2448 manifestants blessés
Vendredi, le procureur de Paris a assuré que des policiers seraient jugés pour violences lors des manifestations. Ce samedi, les manifestants lui ont répondu en dénonçant de nouveau la "répression policière".
"Cela reste de la communication, l'arbre qui cache la forêt et je pense que l'on est loin du compte donc j'appelle tous les blessés à aller porter plainte", a commenté Jérôme Rodrigues, figure du mouvement, qui a lui-même perdu un oeil le 26 janvier.
Selon le procureur de Paris, 171 enquêtes ont été confiées à l'inspection générale de la police nationale (IGPN) et trois à l'inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Les investigations sont désormais terminées pour 57 d'entre elles et le parquet doit décider d'éventuelles suites judiciaires.
Depuis le début du mouvement le 17 novembre, 2448 personnes ont été blessées côté manifestants et 1797 parmi les forces de l'ordre, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur arrêtés au 13 mai.