Des "aveux" de jihadistes français en Irak auraient été obtenus sous la torture
Human
Rights Watch a appelé vendredi 31 mai Paris à ne pas “sous-traiter la gestion”
des jihadistes français
présumés ”à des systèmes judiciaires abusifs”. Cette déclaration intervient
après que plusieurs Français jugés et passibles de mort en Irak ont affirmé que
leurs “aveux” ont été extorqués sous la torture ou la contrainte.
Alors
que le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian affirme
que les sept Français condamnés à mort pour appartenance au groupe jihadiste
Etat islamique (EI) ont bénéficié de “procès équitables”, HRW
rappelle que “les graves lacunes des procès irakiens,
dont la torture, sont bien documentées”.
Djihadistes
français : "Nous respectons la souveraineté judiciaire de l'Irak (...) Le
procès est équitable", assure @JY_LeDrian,
qui ajoute cependant que la France est "totalement opposée" à la
peine de mort.#DirectAN
En
outre, Paris, qui a répété respecter et ne pas vouloir s’ingérer dans les
décisions de la justice irakienne, a à plusieurs reprises affirmé avoir réitéré
auprès de Bagdad son opposition à la peine de mort.
Un jihadiste français
affirme avoir été frappé par ses interrogateurs avant de passer aux aveux
“Si
des pays comme la France ne veulent pas que leurs ressortissants soient
condamnés à la peine de mort, comme l’ont dit leurs représentants, ils
devraient les ramener chez eux pour y faire l’objet d’une enquête et de
poursuites”, rétorque Lama Fakih,
directrice adjointe de HRW pour le Moyen-Orient.
“Ces
pays ne devraient pas rester les bras croisés pendant que leurs ressortissants
sont transférés dans un pays où leurs droits à un procès équitable et à être
protégés de la torture sont compromis”, ajoute-t-elle.
Lors
d’une audience lundi, Fodil Tahar Aouidate a démenti ses “aveux” portés au
dossier par l’instruction et obtenus au cours de quatre mois d’interrogatoire
en Irak. Ce Français de 32 ans, qui a rejoint la Syrie avec 22 membres de sa
famille, selon la justice française, a assuré avoir été frappé par ses
interrogateurs pour “avouer ce qu’ils réclamaient”.
Après
qu’il a montré des marques sur son dos à la cour, le juge a ordonné un examen
et réclamé de la médecine légale un rapport qui sera présenté lors de la
prochaine audience dimanche. Plusieurs autres Français ont affirmé avoir fait
des “aveux” sous la contrainte.