Publié par CEMO Centre - Paris
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Syrie : raids meurtriers du régime dans les provinces d'Idleb et d'Alep

jeudi 30/mai/2019 - 03:56
La Reference
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L'armée syrienne et ses alliés poursuivent leur campagne de bombardements contre la province d'Idleb, dernier bastion jihadiste dans le nord-ouest du pays, et dans un secteur de la province d'Alep. Au moins 27 civils ont été tués mardi.

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Les bombardements de l’armée syrienne contre des territoires aux mains des jihadistes dans les provinces d'Idleb et d'Alep, des secteurs pilonnés sans cesse depuis un mois, ont tué au moins 27 civils dont 11 enfants, mardi, selon une ONG.

Depuis le 26 mai, les frappes du régime de Damas et de son allié russe, ainsi que les tirs d'artillerie sur ces régions du nord-ouest de la Syrie ont tué une cinquantaine de civils dont de nombreux enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les bilans meurtriers se succèdent quasi-quotidiennement, alors que plusieurs hôpitaux ou écoles ont été mis hors service par les bombardements. Depuis fin avril, plus de 250 civils dont une cinquantaine d'enfants ont péri dans les bombardements, selon l’ONG basée à Londres.

La grande partie de la province d'Idleb, ainsi que des secteurs des provinces voisines de Hama, d'Alep et de Lattaquié sont tenus par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche d'Al-Qaïda). Les pro-régime contrôlent une partie du sud-est et de l'est d'Idleb, ainsi que la grande majorité des trois autres provinces.

Le régime du président Bachar al-Assad n'a pas annoncé une offensive à proprement parler contre HTS, mais il a intensifié les bombardements contre les secteurs jihadistes et livré des combats au sol depuis fin avril, parvenant à reprendre plusieurs secteurs dans le sud de la province d'Idleb et dans le nord de Hama.

Mardi, au moins 27 civils dont onze enfants ont été tués dans les raids dans Idleb et Alep, selon l'OSDH. Dans la localité de Kafr Halab, dans l'ouest de la province d'Alep, onze civils ont péri dans une rue commerçante, bondée au moment de la frappe, selon un correspondant de l'AFP sur place. Des voitures et des commerces ont été entièrement détruits, les rideaux de fer des devantures tordus au milieu des décombres calcinés.

"Une escalade inconsidérée et inacceptable", selon Washington

Des habitants ont enterré les victimes dans le cimetière de la localité, les hommes transportant les corps et récitant les prières avant l'inhumation. Au milieu des champs, des champignons de fumée grise s'élèvent dans le ciel après les bombardements du régime.

Les États-Unis, pointant du doigt à la fois le régime de Bachar al-Assad et son allié russe, ont réclamé la fin des frappes aériennes.

"Les attaques indifférenciées de civils et d'infrastructures publiques comme des écoles, des marchés ou des hôpitaux constituent une escalade inconsidérée et inacceptable", a déclaré mardi à des journalistes la porte-parole du département d'État américain Morgan Ortagus.

Devant le Conseil de sécurité, la responsable au département des Affaires humanitaires de l'ONU, Ursula Mueller, a affirmé mardi que quelque 270 000 personnes avaient été déplacées par les violences à Idleb depuis fin avril. Et des agences d'aide ont suspendu leur travail dans certains secteurs.

Selon elle, durant cette période, 22 hôpitaux et cliniques ont été touchés par les frappes ou les tirs d'artillerie. Une poursuite des opérations militaires pourrait provoquer l'arrêt total du travail des organisations d'aide, a-t-elle averti.

Mardi, dans le sud de la province d'Idleb, un hôpital de la localité de Kafranbel a été touché par des tirs d'artillerie, selon l'ONU. "L'hôpital est totalement hors-service. Ses équipements, ses appareils" sont endommagés, a dit à l'AFP son directeur administratif, Majed al-Akraa. "Les générateurs ont pris feu, les bureaux" aussi.

"Attaque chimique?"

La province d'Idleb est le dernier grand bastion jihadiste en Syrie qui échappe quasi-totalement au contrôle du régime. Elle fait l'objet depuis septembre 2018 d'un accord entre Moscou et Ankara qui soutient certains groupes rebelles, sur une "zone démilitarisée" censée séparer les territoires insurgés des zones gouvernementales.

Partiellement appliqué en raison du refus des jihadistes de se retirer de la future zone tampon, cet accord avait permis d'éviter une offensive d'envergure du régime. Mais celui-ci a continué de mener des raids par intermittence avant de les intensifier à partir de fin avril.

Soutenu par la Russie mais aussi l'Iran et le Hezbollah libanais de Hassan Nasrallah, le pouvoir syrien a multiplié les victoires face aux rebelles et aux jihadistes ces deux dernières années, jusqu'à reprendre le contrôle de près des deux-tiers du territoire.

Mardi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a évoqué mardi un "indice" confirmant l'hypothèse d'un recours récent à l'arme chimique à Idleb. "Nous avons un indice de l'usage de l'arme chimique dans la zone d'Idleb mais pour l'instant pas de vérification", a-t-il déclaré devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

Le 22 mai, les États-Unis avaient fait état aussi d'"indications" selon lesquelles le régime de Damas aurait mené une "attaque" au chlore le 19 mai dans le nord-ouest de la Syrie, menaçant de représailles.

Le régime syrien a démenti à chaque fois toute responsabilité dans des attaques chimiques qui lui ont été attribuées pendant le conflit.


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