Syrie : 450 Français liés à l'Etat islamique sont détenus par les Kurdes
Cette
forte augmentation est liée à la libération fin mars de Baghouz, dernier
bastion djihadiste dans le nord-est de la Syrie.
Leur nombre oscillait encore autour de
100-150 fin janvier. Quatre mois plus tard, le nombre de ressortissants
français liés à l'Etat islamique détenus par les Kurdes ou retenus dans des
camps de réfugiés dans le nord-est de la Syrie a triplé, annonce le quai
d'Orsay.
« Dans la zone du nord-est syrien, on
considère qu'il y a à peu près 400 à 450 Français, certains dans des camps,
d'autres prisonniers, dont des enfants », a déclaré mardi Jean-Yves Le Drian
lors d'une audition devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée
nationale.
Cette forte augmentation est sans nul doute
liée à la libération
fin mars de la ville de Baghouz, l'ultime bastion de l'Etat islamique dans la région
orientale. Au moins 5000 hommes, femmes et enfants auraient fui ce réduit
djihadiste fin février. « Alors que des milliers d’étrangers fuient le califat
en ruine, le fardeau qui est déjà trop lourd pour nous devient encore plus
lourd », prévenait
alors Moustafa Bali,
porte-parole des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS) parmi
lesquels des combattants kurdes soutenus par les Etats-Unis.
Le
Drian maintient le cap sur les rapatriements
Les précisions apportées ce mardi par
Jean-Yves le Drian ne seront pas de nature à rassurer responsables kurdes et
les ONG. Le ministre a rappelé que seuls les enfants étaient susceptibles
d'être rapatriés en France, s'ils sont orphelins ou si leur mère donne leur
accord, Paris s'opposant au retour des hommes et des épouses considérés comme
des combattants.
« Notre logique est toujours la même et on
n'en bougera pas : les combattants doivent être jugés là où ils ont commis
leurs crimes », a-t-il déclaré. « Les enfants, s'ils sont orphelins ou si,
d'aventure, il y avait l'autorisation de leur mère, mais c'est au cas par cas,
pourraient être rapatriés en France », a-t-il ajouté. « C'est ce que nous avons
commencé à faire et c'est ce que nous poursuivrons », a-t-il dit.
Cinq orphelins sont ainsi revenus le 15
mars et une fillette de trois ans, dont la mère a été condamnée à la perpétuité
en Irak, l'a été le 27 mars.
Idleb,
la « bombe à retardement »
Jean-Yves Le Drian a indiqué par ailleurs
que plus d'une centaine de djihadistes français étaient présents dans la poche
d'Idleb. Le dernier bastion djihadiste en Syrie, situé cette fois à l'ouest du
pays, est pilonné depuis un mois par le régime de Bachar al-Assa
« Il y a dans la zone d'Idleb plus d'une
centaine de combattants français (repérés) », a-t-il dit, qualifiant cette
poche de « véritable bombe à retardement » avec la présence de « 30 000
combattants » (rebelles et djihadistes) et le risque d'un afflux de réfugiés de
cette zone vers l'Europe. La province d'Idleb ainsi que des secteurs des
provinces voisines de Hama, Alep et Lattaquié sont tenus par le groupe
djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche d'Al-Qaïda).