Indonésie: Les islamistes protestent par la violence la victoire de Widodo
Les violences dans la capitale indonésienne, Jakarta, ont tué huit personnes, dont trois adolescents, et 737 personnes ont été blessées après deux nuits d’affrontements entre la police et des partisans de l'opposition.
Les forces de sécurité ont renforcé leur rang vendredi pour dominer ces affrontements qui ont paralysé le centre de Jakarta. Près de 58 mille policiers et militaires ont été déployés dans la capitale.
Ces affrontements ont débuté depuis la proclamation des résultats électoraux par la commission électorale, mardi dernier, et la réélection de Joko Widodo pour un second mandat de cinq ans.
Les instigateurs de ces violences sont les partisans du candidat et général à la retraite Prabowo Subianto qui refusent de concèder la défaite et ont pris la rue pour dénoncer ce qu'ils appellent « la fraude ». Ils veulent que Subianto» fassent appel à la Cour constitutionnelle pour contester le résultat des élections qui ont eu lieu le mois dernier, où Widodo a obtenu 55,5 pour cent contre les 44,5 pour cent pour leur candidat.
Le Général Prabowo Subianto a également des liens étroits avec des groupes terroristes militants et le Parti de la Justice et du Bien-être, la branche des Frères musulmans en Indonésie. Leurs partisans forts de 32,5 millions d'électeurs ont voté en sa faveur aux élections en 2014, alors que Mardani Ali Sera, un député du Parti de la Justice et du Bien-être, a organisé une campagne sur les réseaux sociaux, sous le slogan «changer le président en 2019». Mais la campagne n'a pas donné lieu à un changement d’opinion chez la plupart des électeurs.
Subianto a également collaboré avec d'autres groupes terroristes pour diffuser la propagande anti-Widodo, en particulier dans les mosquées de leurs fiefs.
Un mouvement militant s’est affronté par le passé aux forces de sécurité, pour empêcher l’organisation des concerts dans les bidonvilles.
Des milliers de personnes sont sorti pour manifester en faveur de Subianto près de l'agence, qui supervise les élections au cœur de la capitale, Jakarta et la manifestation est terminée pacifiquement, mais au bout de quelques heures après ont éclaté des affrontements violents.
Les médias rapportent que les membres du Front défensif étaient à l’origine de la montée de tension depuis l'annonce par la police la semaine dernière, qu’elle a arrêté des dizaines de personnes présumées terroristes et liées à Daesh.
Une stratégie différente
Pour beaucoup, le succès de Widodo est le résultat de sa campagne électorale suivant une stratégie électorale différente: ses partisans ont organisé des campagnes de porte à porte dans plusieurs régions du pays pour promouvoir et réfuter les rumeurs à son sujet, en particulier dans les zones connues pour être des bastions des islamistes radicaux.
Widodo a choisi Marouf Amin, 76 ans, comme vice-président pour renforcer l'appel des électeurs musulmans, en particulier pour le rôle important joué par l'identité et l'appartenance religieuse lors des élections.
L’Indonésie, qui compte 267 millions d’habitants, est gouvernée par un régime laïc et, bien qu’étant le plus grand État musulman du monde, environ 10% de sa population est constituée de minorités ethniques et religieuses telles que l’hindouisme, le christianisme et le bouddhisme.
« A court terme, Widodo doit absorber les vues et les intérêts de la majorité musulmane avant de se concentrer sur les minorités, car si la majorité est insatisfaite, il est difficile de protéger les minorités », a déclaré l'analyste politique Ahmed Sukarsono dans un tweet sur les résultats des élections.