« Al Darb Al Ahmar » Le centre de contact des Frères musulmans avec le monde extérieur

Par Doaa Imam

Sur un domaine de mille cent mètres carrés de superficie situé à El Darb Al-Ahmar (un quartier archéologique au centre-ville du Caire), un grand palais était construit sur cinq cents mètres carrés. Il était la propriété d’Hassan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans en 1928, qui l’a construit à l’aide des dons et des souscriptions pour en faire le siège social de la confrérie.

Plus tard, ce bâtiment a témoigné le lancement de la Confrérie vers le rêve de « diriger le monde » souhaité par son fondateur, Hassan Al-Banna (1906-1945). A cet égard, en 1935, le bureau du groupe est devenu le siège de ce qu’on peut appeler le « département des contacts avec le monde » qui constituait le centre névralgique de contact pour les Frères musulmans au Caire avec le reste de ses adeptes, sympathisants et alliés des pays arabes à cette époque.      

D’«El Darb Al-Ahmar », tous les messages et les correspondances adressés au "député des Frères musulmans au Caire” sont envoyés à une destination déterminée. Hassan Al-Banna l’a considéré comme le point de contact entre l'Egypte et les mouvements islamistes de l'Orient arabe. En effet, il espérait que les Frères musulmans aient une place dans tous les mouvements des musulmans partout dans le monde entier, œuvrant avec tous les moyens d’inciter les gens à se conformer aux ordres et aux commandements de Dieu. En plus, ce petit siège sis dans un quartier populaire était le témoin des événements conduits par les Frères à partir de leur bureau et des coups qu’ils planifient à mettre en exécution. Les efforts d’Hassan Al-Banna pour gouverner le monde rendent très solides les liens qu’il noue avec ses partenaires idéologiques avec qui il rêve de la «patrie islamique». En effet, ceux-ci lui ont rendu visite à son siège à El Darb Al-Ahmar. Il est à noter la visite de Muhammad Ali Jinnah (Chef de la Ligue musulmane de l'Inde et premier président du Pakistan après sa sécession de l’Inde) qu’il a eue lors de son retour de l’Angleterre en 1946 pour le consulter à propos de la sécession du Pakistan.    

Après avoir visité Al-Banna, Jinnah a fait la déclaration suivante: « La création d’un Etat islamique indépendant en Asie du Sud n'était pas moins importante pour le peuple égyptien que pour le peuple musulman indien. Un Etat islamique indépendant dans le sous-continent indien serait également dans l'intérêt du peuple égyptien et cette indépendance serait une véritable liberté en faveur des musulmans d'Egypte et du sous-continent indien, sinon l'hindouisme atteindrait également le Moyen-Orient ».    

En août 1947, l'indépendance du Pakistan de l'Inde fut proclamée et Jinnah fut nommé Président. Al- Banna  lui a envoyé un télégramme de félicitations en disant que « l’Egypte croyante » bénissait l'indépendance.   

Ils ont également franchi le quartier

Certains ont franchi El Darb Al-Ahmar. C’est le cas d’El Fadhil Al-Turlani[1], qui est arrivé au Yémen en 1947, comme émissaire d’Al Banna pour préparer un coup d’Etat contre Yahya Hamid Al-Din[2]. En effet, Al-Turlani s’est installé au Yémen en mobilisant les gens contre Hamid Al-Din et s’attachant à la vision d’Al-Banna pour y promouvoir la pensée confrériste. Et ce, en raison de la nature de la géographie humaine du Yémen connue par la multiplicité des tribus facilement contrôlables par l'orientation religieuse.        

En février 1948, Hamid Al-Din a été abattu dans une embuscade par Ali Ben Nasser Al-Qardai. Mais Al-Qardai avait refusé de tuer Hamid Al-Din qu’avec une fatwa légitime.

Dans son livre intitulé “La transformations des Frères musulmans », Hussam Tammam, chercheur sur les mouvements islamiques, a considéré que le siège d’El Darb Al-Ahmar devenait comme un ministère des Affaires étrangères des Frères Musulmans pour les contacts qu’ils ont avec la plupart des pays islamiques. Dans le même livre il réitère qu’«à travers le département du contact avec le monde, le groupe avait des liens avec la plupart des dirigeants islamistes et libéraux du Monde islamique, à savoir : Abdulkarim Al-Khattabi et Al-Fassi, fondateurs du Mouvement islamique au Maroc, le prince Chakib Arslan en Syrie, Navvab Safavi, fondateur du mouvement Fadayan-e Eslam (les Fedayin de l'Islam) en Iran et la famille d’Al-Nadawi en Inde. "      

Cinquante ans après l'établissement du département du contact, Mustafa Mashhour (le cinquième guide du groupe) (1921-2002), est afin venu pour compléter ce qu’avait lancé Al-Banna. C’est pour cette raison qu’il a signé en juillet 1982 le document de la Déclaration de l'Organisation Internationale des Frères musulmans dont le rôle n'était pas très différente du Département du contact avec le monde, et qui était axé sur l'établissement des branches du groupe à l’extérieur de l'Egypte en créant des connexions avec des personnalités et des  mouvements proches des idées du groupe.      

La condition posée par Mashhour inclut que l’Organisation œuvre à lutter contre l’ignorance, la maladie, la pauvreté et le vice en encourageant, libérant toute la Nation islamique des dirigeants non islamistes, aidant les minorités islamistes partout et cherchant d’unir tous les musulmans dans une seule nation et instaurent l'État islamique qui applique les dispositions et les instructions de l’Islam d’une manière pratique. Aussi planifie-t-il à les cloitrer à l’intérieur de l’Etat, et renforcer à l’étranger le soutien fidèle de la coopération universelle dans le cadre de la Charia qui préserve les libertés et les droits et la participation à la construction de la civilisation humaine sur une base nouvelle et en synergie avec la foi et le matériel tel qu’il est garanti par les systèmes globaux de l'Islam.

Selon Tammam, le Centre islamique de Munich, fondé par Saïd Ramadan[3], est devenu le siège des réunions de l'Organisation internationale qui contribue à l'établissement des larges relations avec les dirigeants des organisations des Frères musulmans dans le monde. ET ce pour avoir un rôle important dans les dossiers mondiaux des Frères musulmans, en particulier le Jihad afghan.