Publié par CEMO Centre - Paris
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"Les Frères d'Algérie"... un demi-siècle d'affrontements

jeudi 21/juin/2018 - 12:29
La Reference
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Par Doaa Imam

 

 

L'Algérie ne s'est pas déviée des autres pays arabes où la pensée frériste s'est infiltrée. Ainsi, le groupe des Frères avait-il une aile algérienne ayant adopté la vision de Hassan Al-Banna, fondateur de l'Organisation.

Pour les Frères d'Algérie, les universités ont été un sol fertile pour y cultiver leurs idées, via des sphères religieuses rassemblant quelques professeurs et des étudiants. Une jamaa islamiya avait été donc co-fondée par Mahfouz Nehnah et Mohamed Bouslimani, à la fin des années 60 du siècle dernier, sous la dénomination "Les monothéistes".

Les Frères sont publiquement apparus parallèlement à l'adoption de la loi sur la richesse agricole en 1976, par le président de l'Algérie à l'époque, Houari Boumedienne. Les Frères ont exploité la situation pour faire vulgariser l'idée que cette loi ne représentait qu'un complot contre les familles pauvres et la classe moyenne. Ils ont, de ce fait, réussi - par leurs discours mielleux - à rassembler un grand public d'Algériens ayant avalé cette idée empoisonnée, et donc ont pu saisir l'occasion de la détérioration de la situation économique et sociale à cette date.

Beaucoup de citoyens se sont rassemblés autour de cette organisation naissante, qui avait déclaré l'insurrection contre le régime et avait refusé la constitution de 1976. L'organisation a émis un communiqué, soulignant à son début : "Jusqu'où Boumedienne ?" Le communiqué a été signé sous le nom : "Les monothéistes". Les Frères y appelaient à faire appliquer la charia islamique et incitaient le peuple à rejeter la constitution.

 

 

Début de la dissidence et des affrontements

 

Il y a eu rapidement des dissidences au sein de l'organisation des "monothéistes". Certains se sont attachés à leur avis sur la nécessité d'effectuer des amendements sur la Charte nationale "La constitution", à travers le dialogue avec le gouvernement, alors que d'autres ont adopté la voie de l'opposition franche et se sont donc ralliés à l'avis de Nehnah, qui a prêté allégeance à l'organisation des Frères en 1976 et Bouslimani. Ces deux derniers ont été emprisonnés jusqu'en 1980, après avoir été accusés de recourir à la violence et au sabotage.

Après la libération de Nehnah, cet activiste islamiste était plus organisé que jamais. L'organisation internationale des Frères, sous son commandement central au Caire, et pratique en Suisse sous son leader Saïd Ramadan (le beau-fils de Hassan Al-Banna, fondateur de l'organisation) a adopté une décision pour appuyer Nehnah dans la crise déclenchée, entre ce dernier et le cheikh Abdallah Gaballah (chef, plus tard, du Front de la Justice et du Développement), à cause de la représentation officielle des Frères en Algérie. Les deux se sont attachés à leur légitimité dans le leadership de l'aile des Frères.

La recommandation en faveur de Nehnah, par les dirigeants Frères en Egypte, en tant que superviseur général de l'organisation des Frères en Algérie, a été la cause derrière les dissidences ayant frappé le mouvement islamique depuis les années 80.

Le régime algérien a reconnu en 1989 un front salafiste, connu sous le nom "Le Front islamique du Salut", dont le sigle était "FIS", présidé par le cheikh Abbas Madani. Ce dernier a nommé Ali Belhaj comme adjoint. Le FIS  a formé un parti islamique et prit part aux élections législatives tenues le 26 décembre 1991, et qu'il remporta avec une majorité écrasante, ce qui raffermit la position du Front devenu un des décideurs sous le régime du président algérien Al-Chadli Bendjedid (1979-1992).

Parallèlement à ce fait, le nom du mouvement des "monothéistes" fut changé au début des années 90, pour devenir "Le Mouvement de la société pour la paix", appelé "HAMAS", qui représente l'aile de l'organisation des Frères en Algérie.

Au mois de janvier 1992, l'armée était en contact avec le président algérien, lui recommandant la nécessité de démissionner pour sauver le pays de la montée des islamistes (Front du Salut) aux centres de prise de décision. Après plusieurs discussions, Bendjedid a accepté de présenter sa démission et par conséquent, les résultats des élections, remportées par le Front islamique, ont été annulés, et le processus électoral fut suspendu sine die.

Le Front du Salut a qualifié de pareilles mesures, de coup d'Etat militaire, mais l'organisation des Frères en Algérie avait une autre vision. Par la suite, Nehnah s'est rallié aux rangs de l'armée, ce qui a débouché sur des affrontements entre le Front et l'Etat, ainsi que parmi les rangs des islamistes, faisant 200 mille morts au total.

Après avoir accusé le leader de HAMAS d'avoir appuyé le régime dans ses oppressions à l'encontre des dirigeants et des cheikhs du Front islamique du Salut, Mahfouz a révélé avoir pris cette position pour protéger l'Etat contre la détérioration.

Les divergences se sont davantage approfondies entre les dirigeants des Frères en Algérie, notamment les jeunes et les cheikhs du mouvement HAMAS. Après la mort de Nehnah en 2003, Abu Jourra Sultani (un des fondateurs du mouvement islamique en Algérie dans les années 70) fut investi, suivi d'Abdel Razek Maqri (un des proches du fondateur du mouvement, Nehnah Mahfouz). Cela a débouché sur un changement au niveau de la politique du Mouvement. Après que ce dernier appuyait le gouvernement et évitait tout affrontement avec lui, voilà il s'est rallié au rang de l'opposition.

Ce changement a été la cause derrière la dissidence de plusieurs dirigeants, loin de HAMAS, pour alors fonder d'autres partis et mouvements pro-Frères.

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